Il est dit qu'un mystérieux tueur au ciré jaune, armé d'une machette et portant une biche sur l'épaule, sévissait il y a longtemps dans la région. C'est en tout cas l'histoire que racontent les moniteurs du camp de vacances auquel participe Lucie, une jeune orpheline, dans le but d'effrayer les adolescents. Moquée et mise à l'écart du groupe, celle-ci subit au quotidien les humiliations de ses camarades, jusqu'à ce que les choses dérapent de manière irréversible. Au même moment, dans un paisible quartier résidentiel, une jeune femme et son ami sont sauvagement assassinés par un mystérieux personnage semblant tout droit issu de la légende…
Une jeune femme attend son amant, seule dans sa maison. Il pleut, une silhouette inquiétante rode dans le coin, en cirée jaune. Le tonnerre éclaire la scène, le cadre est posé, on entendrait presque un premier cri dans la nuit…
Aujourd’hui,le Label 619 se distingue par sa démarche éditoriale moderne et dynamique qui accompagne des projets, autour du pivot Run, où se dévoile un esprit commun et décomplexé, amoureux de la bande dessinée de genre, de la pop culture dans son sens le plus large.
Avec ce premier volume, Run et Rours nous plongent en plein Slasher. Ça commence de façon assez classique, un tueur qui laisse des victimes dans son sillage, mais qui semble néanmoins choisir ses proies (les passages en couleur). En parallèle, ils nous entraînent dans le passé (les passages en noir & blanc), à la rencontre de la jeune Lucie, qui participe à un camp de vacances, mais qui a du mal à s’intégrer, tandis qu’un groupe d’ados la prend en grippe, de façon même un peu extrême. Tandis qu’on avance dans les pas du tueur, nous découvrons le drame qui va progressivement se refermer sur la jeune fille, perdue en pleine cambrousse. Les deux intrigues, au départ assez distinctes l’une de l’autre, commencent petit à petit à se répondre, dessinant un récit plus tendu, presque malsain.
Jaune, l'histoire d'un tueur ?!? © Label 619, Rue de Sèvres, Paris, 2024
Bien qu’il ne propose pas de scénario extrêmement original dans sa formulation, restant dans les codes du genre, au point ou certaines ficelles se devinent assez vite, Run livre tout de même un thriller très efficacement mené, qui nous prend aux tripes du début à la fin. Comme on pouvait s’y attendre, la narration est fluide et très habilement rythmée, avec un suspense très bien dosé. Tandis que Prince Rours s’en tire plutôt bien avec ses ambiances sombres et inquiétantes et un style graphique qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de celui des autres auteurs du Label 619.
La volonté n’est à l’évidence pas de révolutionner le genre, mais plutôt de proposer un album qui nous captive, une série B que l’on ne lâche plus, une fois la première page tournée.
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