Jeanne des embruns - T1 : Nacre et Cobalt

Depuis sa naissance, la petite Jeanne, surnommée « Jeanne des embruns », puis simplement « Embruns », garde avec la mer un lien très étroit. Mais quand elle rencontre deux jeunes siréniens, ce lien évolue et ouvre à la fillette un monde dont elle n'avait même pas rêvé jusque là…

Mise au monde directement au contact de l'eau de mer, la petite Jeanne a toujours eu avec la mer une sorte de complicité qui la rassure, au point ou elle y passe le plus clair de son temps, ce qui est facilité par le fait qu'elle vit avec ses parents sur une île. Quand elle se promène avec sa mère, cette dernière lui entonne un étrange chant, dans une langue que la fillette ne comprend pas, mais qui la fascine. Ce chant, qu'elle finit par apprendre elle-même semble posséder un pouvoir mystérieux. Après la mort de sa mère, suite à une lente maladie, elle vit désormais avec son père, se réconfortant réciproquement. Cependant, alors qu'elle a désormais 14 ans, Jeanne rencontre deux jeunes siréniens dans la baie, Nacre et Cobalt. C'est la soudaine découverte d'un autre monde, d'une autre culture. Ensemble, ils deviennent vite amis et Jeanne finit par entrer en contact avec le reste de la communauté sous-marine, ne tardant pas à partager ce secret avec son père et son meilleur ami Ruys.

Les petites sirènes deviennent adultes

Avec ce premier volume, d’une centaine de pages, Jean-Christophe Deveney et Valentin Varrel nous entraînent dans un univers doucereux qui nous parle de générosité, de communion, de partage, dans les pas d'une jeune fille, amoureuse de la mer, avide de découverte.

Certes, le scénario reste dans un registre au premier abord plutôt naïf, délibérément adressé à un lectorat jeunesse, amateur d'aventure, de fantastique et de créatures mythiques. Malgré tout, le scénario ne se borne pas qu'à ça, loin de là même. Deveney s'interroge sur la difficulté de se rapprocher d'une communauté étrangère, avec une culture très différente, d'être accepté, tout en glissant aussi vers le thème du genre, voire du changement de genre.

Les sireniens, quand ils sont enfants ne sont pas encore identifiés comme Sirènes ou Tritons, ils ne découvrent leur genre qu'au moment de la mue, ou ils se séparent de leur « peau de tétard ». Ce qui amène évidemment des surprises, d'autant que Nacre et Cobalt sont volontairement très distinctement identifiés dès le début…

Jeanne des embruns 1 : Nacre et Cobalt © Jean-Christophe Deveney, Valentin Varrel - Glénat

Mystères et coquillages

En avançant dans ce premier volume, on devine aussi qu'il y a des secrets qui ne nous serons pas révélés tout de suite, comme la véritable nature de Jeanne et son héritage maternel, sur ce que lui a transmis sa mère à travers les contes qu'elle lui a raconté le soir, avant qu'elle ne s'endorme.

L'intrigue pose très habilement les bases d'un univers, avec les enjeux qui vont servir de fil rouge tout du long, comme le sirénier qui chasse le peuple de Nacre et Cobalt, comme les réticences de ce même peuple vis à vis de Jeanne…

Sans en avoir l'air, le scénario pose des questions qui font réfléchir sans tomber dans des réflexions trop poussées. Il ne faut pas oublier qu'on est dans un registre qui se veut extrêmement accessible, pas vraiment réaliste. C'est un parti pris qui ne manque pas de charme. 

Teintes oranges/bleues

Tout est alors abordé avec beaucoup de finesse, à travers un récit particulièrement captivant et, surtout, très bien dessiné. C'est un vrai plaisir des yeux, du début à la fin. Des tonalités douces, très belles, avec une adroite gestion des ambiances colorées, alternant les verts et les oranges avec beaucoup de finesse.

On est à la fois séduit par l'atmosphère pleine de charme qui se dégage des planches et par le fond très pertinent.

Un album, peut-être plus adressé aux plus jeunes, mais plein de surprises.