Kill Blue - T1

Et si Detective Conan fusionnait avec Sakamoto Days ? Et si l’idée venait de l’auteur de Kuroko’s basket ? Un tueur patibulaire, mais pétri de regrets effectue son travail à merveille jusqu’au jour où, après un contrat pourtant sans peine, une guêpe génétiquement modifiée le fait soudainement muter. Le voilà brusquement retourné dans un corps d’enfant, et soumis aux affres de l’adolescence ? Pas tout à fait, car si sa nouvelle mission consiste en effet à infiltrer un collège, un plaisir inédit et inattendu pour l’apprentissage après toute une vie de tueries quasi-automatiques lui permet quand même d’y trouver un minimum son compte.

Fossé générationnel

Ne lui reste alors plus qu’à gérer l’ineffable fossé générationnel que chaque interaction ne manque pas de lui renvoyer à la tronche, les retombées de sa pitoyable présentation lors de la rentrée qui font de lui une cible scolaire facile et surtout la fille du P.-D.G. qui a produit la bestiole à l’origine de tout ça… Pardon ?

En effet, son quotidien aurait été définitivement trop simple s’il lui avait suffi de réviser avec ferveur les équations du premier degré à une inconnue et d’éclater discrètement les roubignoles de pervers en goguette. Il s’avérera rapidement que sa voisine de classe la plus mignonne, mais aussi la plus renfermée est l’héritière du grand groupe pharmaceutique qui est à l’origine de la guêpe. L’approcher semble clairement hors de portée, mais la vie scolaire recèle bien des surprises et des dangers.

Kill Blue, T. 1 © Crunchyroll

Tuteur en série

L’auteur de Kuroko’s basket (série en 30 tomes publiée chez Crunchyroll Kaze), Tadatoshi Fujimaki, est malin. On pourrait tout d’abord croire à une bascule de genre très profonde qui pourrait nous pousser à remettre en cause la pertinence de son expertise technique.

En fin de compte, est-ce très différent de dépeindre l’ardeur adolescente sportive et la frénésie d’une fusillade mortelle dans un entrepôt ? Pas tant que ça si on s’attache à créer des ponts utilisables pour renforcer son récit. Des années de fignolages de match de baskets ont par exemple inculqué à Tadatoshi Fujimaki un sens du dynamisme rapidement mis à profit.

De même, l’environnement scolaire, qui contient les racines de ses propres drames, n’est finalement encore et toujours que l’expression de désirs et de besoins universels. L’auteur en est définitivement conscient.

Enfin, la série n’est pas l’usine à gag à laquelle on pourrait s’attendre et bien qu’elle soit définitivement drôle, elle laisse aussi la part belle aux prises de conscience, à la découverte et à l’évolution. Qu’on ait la dizaine ou presque la quarantaine, on peut toujours faire quelque chose.

Kill Blue, T. 1 © Crunchyroll

Article publié dans le ZOO Manga N°16 Septembre-Octobre 2024