Kiss the Sky - T1 : Jimi Hendrix, 1942-1970

Né le 27 novembre 1942 dans un milieu modeste, à Seattle, entre un père militaire qui se révèle progressivement violent, est souvent absent, et une mère alcoolique, assez volage, qui ne peut plus assumer son éducation, Jimi découvre la musique et la guitare. Les années passent, le jeune homme se fait déjà remarquer… La légende émerge lentement…

8 ans depuis Love in vain, 8 ans pour peaufiner ce premier volume (sur deux) qui se savoure tout d’abord des yeux, comme un joyau qui se dévoile lentement, sombre, âpre, on apprécie chaque planche, on n’en perd aucune miette. Voici donc ce fameux projet sur Jimi Hendrix, en deux parties, qui voit ainsi le retour du duo Jean-Michel Dupont/Mezzo. L’attente en valait vraiment la peine, incontestablement.

Dans les rues crasseuses de Seattle 

Le jeune James évolue dans les quartiers pauvres de Seattle, au sein d’une famille nombreuse. Le père est souvent absent et finalement assez peu enclin à l’amour paternel. Tandis que la mère, plus attachée à ses enfants, mais qui découche régulièrement, multiplie les « rejetons » extra-conjugaux. Cependant, son plus gros problème, bien au-delà de son inconstance chronique, reste encore l’alcoolisme qui va la ronger. Dans ce cadre, le jeune homme grandit, privé de tout et peinant à trouver sa voie. Même ses premiers essais à la guitare sont perturbés par son père qui lui refuse le droit de jouer de la main gauche… Rien n'est donc facile, Il doit absolument faire ses preuves et convaincre tout en affrontant ses propres démons, comme l'alcool, la drogue ou les filles.

Les auteurs décortiquent alors les ambiances de l’époque, en noir et blanc. Ils insistent sur la nécessité pour tout apprenti musicien, d’apprendre les bases au sein d'autres formations, en intégrant des orchestres déjà constitués, de s’immerger dans les codes et le travail en équipe.

S’il est important d’insister sur cette première phase dans la carrière d’Hendrix, c’est principalement pour bien montrer que malgré son talent inné, le jeune musicien n’est pas devenu une légende immédiatement. Il a dû accepter de n'être qu'un élément parmi les autres, malgré ses envies d'indépendance.

Ce premier volume est donc celui de l’apprentissage, des années dans l’ombre alors que commence à se développer sa maestria, pleine de virtuosité.

Kiss the Sky © Glénat, 2022

 Travail en duo, documenté et précis 

Toutefois, Jean-Michel Dupont ne se contente pas d’étaler sa documentation au travers d’un récit bassement biographique, il adopte une écriture nerveuse assez touchante, même si le style est sec et direct. Il installe le cadre miséreux qui va symboliser l’émergence de la personnalité du petit Jimi et insiste sur les difficultés qui se présentent à lui sans l’épargner, ni ses proches. On devine vite un gros travail de documentation, tant sur les rencontres que sur le détail des groupes avec lesquels Hendrix a travaillé. C'est passionnant et foisonnant !

Malgré tout, le dessin de Mezzo transcende complètement le propos… Au sommet de son art, il pousse encore plus le soin porté aux détails, au cadre de l’époque. C'est absolument magnifique, on ne peut qu'être ébloui par ce qui se dégage de chaque planche, ces lumières, ces ombres, ces expressions… Du très grand art.

On se doute qu’il faudra encore attendre un peu avant de voir le second volume arriver, alors profitons-en !

Essentiel !