ZOO avait salué la création de cette série feelgood dans son N° 83. La parution du tome 5 est l’occasion de faire le point sur cette bonne série. Cette fois, un tableau autrefois confisqué par les Nazis va faire surgir un passé terrifiant, mais aussi de l’humanité grâce à l’enthousiasme de nos héros.
Sur le principe de la série Cold Case affaires classées, un groupe de trois enfants (les jumeaux Alban et Tania ainsi que leur ami Théo) découvrent au travers d’un objet une énigme d’un passé plus ou moins lointain. Ils vont tout mettre en oeuvre pour résoudre le mystère, aidés par quelques adultes bienveillants. Pas de cadavres, mais une lettre révélant le grand amour contrarié entre un poilu et une apprentie infirmière (La Lettre de Toinette), un vieil appareil photo contenant des clichés pris par un enfant réunionnais arraché à sa famille (Mon île adorée), une vieille Mercedes oubliée révélant la vocation de Bob, mécano au parcours singulier (La Voiture de Bob), des cassettes audio autrefois envoyées par un correspondant berlinois (Le Mur de Hans) et dans le tome 5 qui paraît cet été, un tableau ancien volé par les Nazis (Le Tableau de Rachel). Il faut absolument retrouver la famille à laquelle il appartient !
La Brigade des Souvenirs, T. 5 © Dupuis, 2024
La petite anecdote révèle la grande histoire
Les récits écrits à quatre mains par Carbone et Cee Cee Mia sont très vivants. Sous une apparence parfois un peu naïve, dans l’enchaînement des recherches par les enfants, se révèle un fond historique bien pensé : une carte postale réellement trouvée à Nice permet d’évoquer la place des femmes dans l’eff ort de guerre (celle de 14-18) ; le scandale des « enfants de la Creuse » nous fait découvrir un programme gouvernemental fondé sur de bonnes intentions, mais aberrant ; l’histoire de l’automobile est l’occasion de parler des femmes pionnières dans la mécanique ; le mur de Berlin rappelle la guerre froide et la chape de plomb mor- tifère pesant sur les pays communistes ; enfin, la spoliation des oeuvres d’art par les Allemands permet de montrer aux jeunes générations toutes les formes qu’a pu prendre le pillage des pays sous le joug des Nazis, et notamment la confi scation des biens des Juifs. Le rapport au temps qui passe et aux souvenirs ajoute un charme particulier à cette série, bien servie par le dessin de Marko. La spontanéité de l’enfance est joliment campée. Et le dessinateur excelle dans les séquences où la petite bande s’envole (presque) à vélo à la recherche d’une nouvelle piste !
La petite histoire permet de mettre à jour des faits historiques ou de société, développés dans des dossiers bien conçus en fin d’ouvrage. À offrir aux jeunes têtes blondes et brunes sans hésitation !