La quatrième croisade, voulue par Innocent III, laissera un goût amer à l'Histoire. Elle sera en effet une succession de luttes entre chrétiens pour de sombres histoires d'argent, de commerce et de pouvoir. On retiendra notamment le doge de Venise, Enrico Dandolo, comme un des artisans de cet égarement. Et avec la croix sanglante, nous voilà dans les coulisses d’une des pires décisions de l’Histoire.
Le jeune Philippe de Crécy, s'oppose violemment à son père au sujet de la quatrième croisade. Le plus jeune ne comprend pas l'obstination de son père à refuser qu'il participe à ce devoir sacré. D'autant plus que ce dernier est reconnu comme héros grâce à la troisième croisade. C'est donc fâché avec son père que Philippe pars seul, sans soutien familial, avec peu d'argent sur les routes, en ayant Venise, lieu du rassemblement avant le grand départ, comme objectif.
Le récit se structure rapidement autour de personnages clés et denses. Tout en faisant avancer l'intrigue, la série développe son contexte grâce à des scènes parfaitement maîtrisées, s’enchaînant comme dans une série télévisée bien menée. Les enjeux historiques, les vainqueurs politiques et bien sûr l'impact indéniable du pape sur les esprits des Croisés sont clairement exposés.
Ces détails donnent une dynamique indéniable à l’intrigue. Porté par un mélange de colère et d’incompréhension, le lecteur découvre peu à peu comment l'objectif de la croisade passera de l'Égypte à la ville chrétienne de Zara. Bien que la suite de cette traversée soit connue, le tome suivant et son lot de rebondissements se fait déjà attendre.
Le dessin réaliste redonne vie à ce début du XIIIe siècle dans sa rudesse quotidienne, ses décors et son style de vie. Les différents protagonistes prennent d’assaut le centre du champ visuel avec une forte présence, ce qui promet pour les affrontements à venir.
Avec La Croix sanglante, s’ouvre la chronique épique d’une horreur annoncée.