La Ballade de Tilman Razine est un nouveau tome de La Grande Evasion. S’inspirant d’un fait historique, cette jolie histoire nous entraine dans la Russie des Tsars et des goulags, aux côtés d’un brigand au service des opprimés.
Eugène Savitskaïa partage son bagne avec ses camarades d’infortune. Sauf que, contrairement aux bagnards russes arrêtés avant le chantier pour fournir une main d’œuvre bon marché, il vient du monde du théâtre et ne compte pas rester dans ce camp. Alors qu’il prépare son évasion, un vieux bagnard vient l’avertir qu’il a été choisi par Tilman Razine. Qu’il le veuille ou non, il est maintenant associé avec le bandit le plus recherché de Sibérie. Au même moment, le Transsibérien réalise son premier voyage vers l’océan Pacifique transportant le Tsar, sa cour… ainsi que d’étranges voyageurs.
Si l’on devait trouver un mot pour qualifier La Ballade de Tilman Razine, c’est légende qui vient directement à l’esprit. Ce récit est à la frontière entre le roman d’évasion et le mythe. On est charmé par ces bagnards débrouillards et pleins de ressources. Car si le contexte n’est définitivement pas gai, Kris réussit à donner une douceur et une légèreté à un sujet qui s’en accommode très bien. Le blanc boueux de la neige sibérienne remplace les habituels deserts américains mais le sujet, l’évasion d’un pénitencier, rappelle immanquablement les westerns spaghettis.
Le travail combiné de Guillaume Martinez et de Delf laisse deviner une bonne entente entre ce dessinateur et ce coloriste. Des couleurs douces habillent un trait réaliste mais porteur d’un caractère affirmé. Malgré une mise en page très classique, on parcourt avec plaisir les planches de ce tome.
Ce tome fait parti des réussites de La Grande Evasion : des histoires simples, ancrées dans la réalité, auxquelles on a envie de croire, parce qu’elles sont belles, tout simplement.