Du X-Men à la française, oserait-on avancer. Sans esbrouffe, avec de la poésie, de l’étrange, de la violence, des héros paumés et attachants. En toile de fond, une critique de la société actuelle et une ode au respect de la différence.
Poursuite du périple d’Orsay et Basma, dont la relation amoureuse est complexe, tous deux devenus mutants, contaminés par les Toutes, ces étranges créatures multicolores venues d’on se ne sait où. La jeune Juliette est avec eux chez les parents d’Orsay. Elle ne va pas bien, ses yeux sont en pleine transformation. Elle a des pulsions autodestructrices quand elle se laisse absorber par un Toute. A moins qu’elle ne trouve tout simplement pas le moyen de lutter contre le mal qui la ronge, voire qu’elle déclenche elle-même l’agressivité des Toutes ?
Ruppert et Mulot continuent à développer cet étrange univers, à la fois éthéré tout en contenant une sourde violence, qui explose dans des effets multicolores psychédéliques quand nos héros entrent en connexion avec un Toute. Le contraste est fort entre les séquences de vie quotidienne et celles de combats dans les Toutes, cauchemars en Technicolor.
La part merveilleuse T.2 - Les yeux de Juliette
© Dargaud, 2022
Deux nouveaux personnages font leur apparition dans Les yeux de Juliette : une mère et son fils, qui ne la quitte pas d’une semelle. Cette mère, tout en s’excusant, est dangereuse : elle est vraiment prête à tout. Quant à son fils, inoffensif en apparence, il... mais ne spoilons pas !
La BD capte des éléments dans l’air du temps pour en créer un monde parfois beau, parfois oppressant, voire dérangeant, qui ne laisse pas indifférent même si les protagonistes peuvent sembler spectateurs de leur propre histoire. Les séquences dans les Toutes sont les plus spectaculaires, délires graphiques en apparence, mais tout cela est très structuré par Ruppert et Mulot qui ont visiblement donné beaucoup d’eux-mêmes pour cette trilogie dont nous lisons ici le second volume développé sur 130 pages.
Comment conclure cette étrange aventure sans décevoir ? Gageons que les deux auteurs sauront retomber sur leurs pattes dans le tome 3 tout en gardant la singularité de La part merveilleuse.
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