Venise en 1499. Le Doge, Agostin Barbarigo, doit faire face à de nombreux ennemis extérieurs mais aussi à ceux de l’intérieur, notamment la bande de truands dirigée par Le Barbier. Pour lutter, le Doge a besoin d’argent, qu’il compte bien emprunter au Pape… L’effondrement de son plan va nous scotcher à cette aventure de cape et d’épée.
Venise s’expose ici sous toutes ses formes. Nous voyons la Venise riche, opulente et festive qui vit pleinement, loin de toute réalité dans sa tour d’or et d’étoffe. Cette Venise riche où la violence est feutrée, féroce et toujours élégante. On y assiste au complot politique, à la quête de prêt énorme, aux malversations et autres détournements… Le Doge va même jusqu’à offrir sa nièce au Légat du Pape pour obtenir de l’argent pour Venise.
Mais cette nièce va se faire enlever… Là nous découvrons avec force l’autre Venise. Celle des bas-fonds, des miséreux, du crime. La violence y est percutante, sadique et horrible. On y égorge, viole, étripe, torture jusqu’à plus soif tandis que le sort des malheureux kidnappés s’y joue aux dés. La nièce du Doge est dans une bien mauvaise posture, entre les mains des brigands du Barbier, qui doit lui-même lutter pour garder le commandement de sa mauvaise troupe.
Le récit est dense, passionnant, voire même dur dans certaines scènes. Le dessin est très particulier dans sa représentation des personnages, notamment de leur visage. Il leur donne un aspect parfois classique, souvent stylisé mais toujours singulier. Ces personnages atypiques jouent dans des costumes et des décors fabuleux. Quant au jeu sur les couleurs, il sied parfaitement à la Cité des doges.
Ce premier tome réussi augure d’un diptyque de cape et d'épée qui pourrait faire date.