Gradlon est rentré du voyage hors du temps dans lequel Magdalen l’avait entrainé. Les circonstances le remettent sur le trône d’une Bretagne menacée aux frontières. Dahut, sa fille, le convainc que la solution est dans la construction d’une ville imprenable du nom d’Ys. Une ville interdite à Dieu... dont le sort semble se dessiner dans un deuxième tome convaincant.
Après un premier tome au scénario décevant, l'abord du deuxième volet de la série se fait avec de nombreux doutes quant à sa qualité... Doutes vite levés grâce à une bonne surprise : l’intrigue s’installe, s’emballe même et nous emporte. La légende d'Ys s’enracine, prend corps. La lutte entre l’ancien temps, celui presque passé des dieux celtes, et le nouveau, celui du christianisme qui pointe son nez, est parfois criante, parfois feutrée mais toujours violente et intense.
Nous sommes à la croisée des chemins et bien que nous connaissons la voie qui sera prise, le talent de Rodolphe prend ici toute son ampleur pour nous plonger dans le doute. En fermant l’album, une seule question nous vient à l’esprit : peut-on vivre sainement dans un lieu pareil à la ville d'Ys, où il n’y a pas de lieu de culte ? Nous ne savons toujours pas répondre définitivement à cette question en ce troisième millénaire, mais le troisième tome de cette série nous proposera une des réponses possibles avec la fin de cette légende celte...
Le graphisme, quant à lui, est toujours aussi magique. Nous sommes dans une atmosphère palpable, dans un ensemble de tableaux à la fois classiques par le fond et contemporains dans la forme. Chacune des cases impose le silence, nous offrant un spectacle qui ne demande qu'à être dégusté des yeux .
Un album envoûtant qui finit sur une superbe image nous rappelant un passeur, celui du fleuve des Enfers.