Pause hivernale en prison pour nos intrépides héroïnes. Mais la vie pénitentiaire n’est pas de tout repos, surtout pour des femmes entourées de mecs... Même avec moins de cavalcades, ce western au féminin continue de bien déménager !
Rappel pour les distraits : Ladies with guns est un western dont l'histoire est centrée sur un petit groupe de femmes (dont une fillette, Abigail) qui pour une raison ou une autre se sont fait mettre au ban de la rude société de l'Ouest. Certes, la BD western a déjà mis à l’honneur des femmes comme Chihuahua Pearl ou Guffie Palmer, mais il s’agissait alors de seconds rôles, même si inoubliables.
Dans ce tome 3, pendant qu’Abigail apprend à tirer au revolver dans une plantation esclavagiste, les quatre adultes, dont l’une est enceinte jusqu’aux dents et une autre cul-de-jatte, se retrouvent en prison au cœur de l'hiver. L’épouse du directeur envie d’une certaine manière la liberté qu’ont connu nos héroïnes, mais elle préfère se servir des miettes de pouvoir qu’elle a pour les dominer, voire les humilier.
Ladies with guns, T.3 © Dargaud, 2024
Olivier Bocquet nous rappelle que la société nord-américaine du XIXe siècle est faite par et pour les hommes. Les femmes doivent s’y plier tant bien que mal, y compris quand il s’agit de la société carcérale. Elles subissent nudité devant les hommes pour la fouille ou pour la douche, coup de crosse dans le ventre (peu importe qu’il s’agisse de celui d’une femme enceinte), etc. Le scénariste joue heureusement aussi la carte de l’humour, comme quand la rousse Kathleen demande avec candeur si elle peut avoir des gants pour protéger ses mains des travaux de forçat.
L'intérêt est dans l'histoire, mais aussi dans la manière de la raconter. Mention spéciale pour le graphisme esthétique et très personnel d'Anlor. La belle couverture donne le ton. L’artiste met de la dynamite dans son encrage et l’action est toujours au rendez-vous, même s’il y a ici unité de lieu, prison oblige.
La force de cette série dont le tome 3 clôt le premier cycle est au moins autant dans le dessin (mis en valeur par la couleur d’Elvire de Cock) que dans le texte. C’est cela, de la bonne BD : un juste équilibre entre les deux.