Dans ce 3ème tome nous retrouvons l’inspectrice Eva Sundström à l’issue d’un match de football auquel elle a assisté avec deux de ses amies. Celles-ci sont prises à partie par des hooligans et si Eva parvient à les mettre en déroute avant l’arrivée des renforts, son amie Emmy aura moins de chance : elle ne survivra pas à ses blessures. Sylvain Runberg semble changer sensiblement de cap avec ce nouveau cycle, au risque de dérouter une partie de ses lecteurs.
En effet, son histoire prend un tour plus ancré dans l’actualité où la population immigrée est prise pour cible par des groupuscules extrémistes. Qui eux-mêmes seraient manipulés par les forces obscures de « l’Autre Monde » dont nous avons déjà fait connaissance dans les deux premiers tomes.
En amalgamant la chronique sociale sur l’irrésistible montée du populisme en Suède (comme en témoignent par exemple les romans de Leif GW Persson publiés chez Rivages), et l’univers fantastique du folklore scandinave, Sylvain Runberg s’engage sur une voie plutôt hasardeuse et finalement peu crédible.
On entrevoit dans cet album une perspective sociale intéressante à exploiter mais, à peine celle-ci esquissée, la touche surnaturelle vient tout désamorcer. De plus, en se cantonnant au standard de 46 planches, cette série s’inscrit sur la durée. Mais deux années se sont écoulées entre la parution des deux derniers tomes. Pas sûr que le lecteur reste ainsi scotché encore longtemps.
C’est d’autant plus dommage que le dessin réaliste et précis de Jean-Charles Poupard est toujours aussi séduisant même si le coloriage n’est plus assuré par Johann Corgié. Ses teintes étaient plus réussies que celles d’Alex et Mirabelle, un brin trop sombres. La couverture est, une fois de plus, très réussie et attrayante.