Ce n’est pas tout de déserter, encore faut-il que le lieutenant Katz et sa compagnie déjouent les pièges qui les attendent jusqu’à Paris. Dans un tome suant de douleur et de pathos, Emmanuel Herzet et Xavier Dorison concluent leur récit tragique dépeint par des aquarelles sanglantes, délivrées avec talent mais fracas par Cédric Babouche.
Traqués par leurs supérieurs et pressés par le temps, le lieutenant Katz et sa troupe de déserteurs doivent tenter l’impossible : rejoindre Paris, remettre la pétition de leurs frères d’armes au Parlement, tout en évitant de goûter aux plaisirs illusoires de leur liberté de déserteurs.
Quand on s’inspire de faits réels aussi tragiques que l’histoire de ces déserteurs, il est difficile d’éviter de tomber dans un certain pathos humaniste et antimilitariste. Ce que le récit a réussi dans son premier tome, il ne parvient pas à le maintenir dans sa seconde partie. La rapidité des événements lui fait emprunter des raccourcis réducteurs qui ne laissent plus la place aux personnalités trempées de ses héros de s’exprimer.
La frénésie de ce second tome touche aussi la construction des dessins de Cédric Babouche. Son usage des aquarelles est toujours aussi magique, bien que l’intensité des rouges utilisés contribue au pathétique qui se dégage un peu trop de cet album. Son découpage resserré des planches transmet à merveille l’urgence qui accompagne la mission de ces Poilus. Mais souvent l’action n’est pas clairement posée notamment dans les scènes de combat.
Sans enlever à la noblesse de leurs personnages et de leur histoire, Emmanuel Herzet et Cédric Babouche, accompagnés de Xavier Dorison, surjouent quelque peu la tragédie dans la conclusion de leur récit. Il n’en reste pas moins que Le Chant du cygne est une belle histoire replongeant le lecteur dans la réalité des Poilus.