On aurait pu croire Le Chat du rabbin à bout de souffle. Que nenni ! Ce neuvième opus à moustaches, en s'articulant entre une synthèse de la série et une nouvelle histoire, sait autant captiver que ses prédécesseurs. Le dessin de Joann Sfar est à la hauteur des huit premiers tomes.
Aurait-il pu imaginer, ce cher rabbin, en acceptant que sa petite Zlabya garde à leurs côtés ce chat croisé au début de l'histoire, que ce félin doté de parole et au verbe haut prendrait une telle importance dans sa vie ? On retrouve ici la fille du rabbin en pleine fugue existentielle. Seul son compagnon à quatre pattes mais à la langue bien pendue sera capable de lui remettre la main dessus...
Sfar n'a (toujours) pas fini de nous surprendre par sa ressource tant elle paraît illimitée. Car si les adeptes de cette série avaient de bonnes raisons de craindre une fresque à rallonge, l'auteur prolifique leur démontre avec ce neuvième tome réussi de bout en bout qu'il n'en est rien. Au contraire. En ramenant les aventures de Zlabya et son animal hors du commun dans un flash-back bien ficelé, Sfar relance avec brio leurs aventures au long cours.
Graphiquement, difficile de continuer à écrire sur le Chat du rabbin sans se répéter. Le trait imparfait du dessinateur reste de marbre. Non pas figé dans le temps, mais égal à lui-même. Et c'est le trait juste, plein d'humanité, d'ouverture et d'universalité, pour conter avec justesse les péripéties de ces personnages profonds et attachants.
Le chat parviendra-t-il à ramener sa maîtresse aux fondamentaux ? Tandis qu'elle découvre la vie avec sa copine Oreillette, le chat et son maître n'en dorment plus et se font un sang d'encre. Haletante, passionnante : cette suite du Chat du rabbin, c'est toujours aussi bien.