Ce nouveau tome est centré sur la jeunesse du Rabbin, aumônier des armées pendant la 1ère guerre mondiale puis lors des mutineries de la mer Noire. L’occasion pour Sfar de rappeler la participation de soldats des colonies à ces conflits.
Le Chat du Rabbin est jaloux d'un petit chat rouge mort depuis longtemps. En effet, le Rabbin était alors tout jeune, et s'est retrouvé enrôlé en même temps que ses amis proches pour servir la France contre les Allemands. C'était la première guerre mondiale. Et sa fille, encore enfant, lui offrit un chat pour lui tenir compagnie pendant son périple.
Cette jalousie est le lien ténu (mais suffisant) qu'utilise Joann Sfar pour nous raconter comment la population des colonies fut mise à contribution dans les tranchées françaises. Puis, une fois la guerre finie, le Rabbin et ses amis se retrouvèrent soldats « volontaires » sur la mer Noire pour prêter main forte aux Russes blancs face aux Bolcheviques. Mais dans les marins français se trouvaient des Communistes qui se sont mutinés contre leur hiérarchie.
Le Chat du Rabbin - Tome 12, La Traversée de la mer Noire © Dargaud, 2023
Sfar profite de ces conflits pour mettre en exergue l'ambivalence du traitement des peuples des colonies par le gouvernement français. Avec un humour résigné, il montre que si le jeune Rabbin est d'abord l'aumônier des bidasses juifs, la guerre est grosse consommatrice de chair humaine et le nombre de soldats se réduit drastiquement. Par conséquent, on lui adjoint par la suite les troupes musulmanes (par chance, en plus des cours de Talmud, il avait fait une école coranique et pouvait donc gérer !) et même chrétiennes (pas de problème : il a aussi des bénéficié du catéchisme des Bons Pères !). La construction du récit a l'air assez improvisée et manque un peu de rigueur, mais l'ensemble est plaisant à lire. C'est de plus en phase avec le dessin, jeté tout en étant agréable.
En fin de volume, nous avons quelques pages additionnelles dans lesquelles Sfar ajoute des croquis, des éléments historiques, les références des rares ouvrages traitant des soldats du Maghreb dans la Grande Guerre et celles de livres sur les mutins de la mer Noire, avec un clin d'œil à Hugo Pratt en prime.
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