Les amateurs de séries d’aventure en BD franco-belge ont pu se réjouir ces dernières années avec la série Le Convoyeur de Tristan Roulot et Dimitri Armand au Lombard. Malheureusement, la série se termine ici dans un 4e tome mêlant action et émotion.
Minerva et Kivan se préparent pour la dernière attaque contre les convoyeurs et leur créatrice, la Tisseuse. Le sérum préserve temporairement Kivan de leur influence. Mais Minerva n’a pas l’intention de l’appporter. Elle ne veut lui faire prendre aucun risque. Mais les convoyeurs ne sont pas les seuls à vouloir l’arrêter et il n’est pas certain que ses plans se déroulent comme prévu.
Le Convoyeur, tome 4 © Le Lombard, 2023
Final en feu d'artifice
Le Convoyeur a vu l’explosion du dessinateur Dimitri Armand. L’artiste s’épanouit pleinement dans un genre qui a fait les beaux jours de la BD franco-belge. Avec générosité (l’artiste sort systématiquement lessivé de ses albums), il magnifie le scénario de Tristan Roulot avec des cadrages intenses et des cases sans fausses notes. Ses pages affichent des découpages nerveux, issues d’influences autant américaines que japonaises.
Et puis il y a le trait. Souple, parfaitement tenu, mais avec une richesse de détails qui explique évidemment l’énergie laissée par l’artiste dans son travail. Décors, personnages, créatures, l’assise de Dimitri Armand s’exprime dans tous les domaines.
Elle s’exprime aussi dans la mise en couleur, qu’il assure principalement avec le soutien de Lucille Noël. Là encore la gamme chromatique est pensée pour servir la narration, pour transmettre les intentions du scénariste. À ce titre, Armand semble représenter le partenaire idéal de tout raconteur d’histoire.
Conclure et toujours surprendre
Depuis le premier tome, Tristan Roulot n’a eu de cesse d’envoyer son histoire là où les lecteurs ne l’attendaient pas. Porteur du titre de la série, le convoyeur en est peu à peu devenu l’antagoniste. On ne parlera pas de méchant car l’écriture est bien plus fine que cela. Minerva se bat pour la liberté individuelle, mais ce quatrième tome montre constamment la légitimité du point de vue et de l’existence du convoyeur. Les deux « personnages » n'ont pas la même position. Et pourtant, confrontation il y a et victoire il y a aussi. Mais là encore, dans la finesse, dans la nuance.
Le Convoyeur, tome 4 © Le Lombard, 2023
Tristan Roulot range ses jouets, il écrit un dernier tome conçu pour. Les destins de ses personnages s’avèrent tous touchants. Même les sales types, les traîtres, il parvient à nous les faire considérer avec un peu d’empathie. Au milieu des combats et d’une nature hostile, c’est une magnifique réussite.
Au revoir messieurs et merci !
Le Convoyeur fait partie des très belles séries de cette décennie. Elle a rassemblé deux artistes qui se sont parfaitement trouvés. Alors certes, Dimitri Armand semble prendre son envol en solitaire. Mais un futur travail commun, au vu de la réussite de celui-ci, serait à surveiller de près dès son annonce. Bonne route à chacun d’entre eux !