Nouveau jalon dans l’œuvre de F’murrr, cette intégrale nous fait prendre le bon air des Alpages des années 80. Ces moutons qui n’en sont pas déchaînent leur esprit critique, se montrant finalement très individualistes. Très français ?
La mythique série Le génie des Alpages parut dans le journal Pilote à partir de 1973. Cinquante ans ont passé depuis et F’murrr nous a quittés. Mais il nous reste son œuvre, et le tome 3 de cette intégrale regroupe les tomes 7, 8 et 9, publiés dans les années 80. En début d’ouvrage, un intéressant dossier de 8 pages réalisé par Jean-Pierre Mercier évoque entre autres les influences de F’murrr, tels deux auteurs pionniers de la BD : George Herriman, créateur de Krazy Kat, et Rudolph Dirks (Pim, Pam Poum). F’murrr citait également souvent Nikita Mandryka (Le concombre masqué) et Jean-Claude Forest (qui oeuvra aussi dans l’humour) comme références.
Le génie des alpages - L'intégrale III © F'Murrr - Dargaud
F’murrr était un maître de l’absurde, du non sense. De prime abord, ses récits peuvent désorienter, passer du coq à l’âne, faire intervenir des personnages n’ayant rien à voir avec le schmilblick, aboutir sur une chute qui n’en était pas vraiment une. Puis on se laisse vite embarquer dans cette douce folie. Le troupeau de moutons dont il nous conte les exploits n’est pas de tout repos. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’un troupeau, mais d’un ensemble d’individus au caractère affirmé, voire rebelle.
Que les moutons partent à l’aventure (plus proche de Lewis Carroll que d’Indiana Jones), ou qu’ils fassent du théâtre (dans un des 120 dialectes du bas sibérien occidental), qu’ils reçoivent la visite du chat botté ou d’un lapin géant, ils sont souvent en plein délire. Romuald, le bélier n’est pas en reste et Athanase le jeune berger a fort à faire pour tenter de gérer tout ça.
Il est bénéfique de laisser vagabonder son esprit entre les pensées tortueuses galopant dans les Alpages et dans les recoins des cases où F’murrr aime ajouter des personnages sans rapport avec l’histoire en cours. Cadeau bonus en fin de volume : une vingtaine de pages de storyboards et de croquis de recherche, nous permettant de mieux comprendre la genèse graphique des histoires.
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