Trois ans après le premier tome, Zidrou et Frank Pé concluent leur diptyque offrant leur vision des premiers pas du Marsupilami en Belgique. Sensations fortes, tendresse et grand spectacle sont au rendez-vous.
© Julien Monier et Gaet's, Éditions petit à petit
Bruxelles, années 50. Le jeune François ne se remet pas de la confiscation d’une partie des animaux qu’il avait recueillis chez lui et, surtout, de celui qu’il nomme « lange staart » : une espèce de singe jaune à taches noires et à longue queue. Il se rend alors à la fourrière afin de tenter de libérer son nouveau compagnon. Le vétérinaire du lieu y va également avec le cryptozoologue Sneutvelmans qui espère trouver là l’animal légendaire qu’il connaît sous le nom d’« el cola-cola ».
La variété des ingrédients
Le scénario combine, presque en permanence, situations dramatiques, action et éléments humoristiques. Très rapidement, les personnages se déplacent fréquemment et leurs mouvements sont au coeur du récit et de ses enjeux ; cela donne lieu notamment à une impressionnante course-poursuite dans Bruxelles. Côté dialogues, c’est un véritable feu d’artifice, Zidrou jouant sur les joutes verbales, les doubles sens (notamment liés à l’emploi du mot « queue ») et les expressions bruxelloises.
© Julien Monier et Gaet's, Éditions petit à petit
Les cases amples, les pleines et les doubles pages, fréquentes, permettent au dessin de s’épanouir totalement et d’accorder de l’importance aux personnages principaux comme aux décors. Le goût de Frank Pé pour la représentation des animaux est constamment palpable, mais le créateur de Broussaille s’attache avec un même enthousiasme aux architectures et aux atmosphères, également essentielles.
Avec ses deux tomes, leur format pratiquement carré (28,8 x 24,7 cm) et ses près de quatre cents pages, La Bête propose un voyage intense et une relecture décalée – parfois un poil trop outrée dans ce tome – d’une figure et d’une période mythiques de la bande dessinée européenne : le Marsupilami et l’âge d’or de l’école de Marcinelle.
Article publié dans le Mag ZOO N°94 Septembre-Octobre 2023