Un western mâtiné de fantastique qui se focalise sur un Hopi confié bébé à une femme blanche. L’enfant grandit ets’il devient très beau,il se révèle aussi être un chasseur aimant tuer.Et il a un pouvoir…L’occasion pour Sicomoro de montrer toute l’étendue de son talent, avec un dessin d’un grand réalisme.
Un western avec du fantastique ? Serait-ce un mélange des genres contre nature ? Pas du tout. Les Amérindiens intégraient la magie dans leur culture. Pierre Makyo amène donc très naturellement l'aura de mystère autour des pouvoirs d’un Hopi orphelin confié à la naissance à Kate, une femme blanche qui vit isolée. Elle n'aime pas les Indiens, mais elle élève celui qu'elle surnommera Dead Smile pour une raison à découvrir dans l’album. Dead a une beauté fascinante. Il a un jumeauau physique moins avantageux, élevé par les Hopis. L’un incarne le Bien, l'autre le Mal. On connaît le goût de Makyo pour le fantastique, mais ce premier tome reste "sage" sur ce plan. On sent cependant une puissance monter en Dead corollairement au racisme montré par les Blancs à l’égard des Natives.

Le sacrifice des aigles T1 : Les Amérindiens intégraient la magie dans leur culture. © Makyo - Sicomoro - Delcourt
Le dessin splendide d’Eugenio Sicomoro illumine le récit. Il pousse loin le réalisme de ses personnages et de ses décors. Ses Amérindiens sont particulièrement saisissants de vie. Sa mise en page est en revanche très classique : des cadrages sans esbrouffe, centrés sur la lisibilité… et le plaisir du dessin. Sicomoro, artiste célébré en Italie, est moins connu en France qu’un Serpieri. Pourtant, il préfère travailler pour le marché français qui lui permet mieux d’aborder différents univers et de renouveler son dessin. Qui plus est, Makyo, avec qui il a collaboré à plusieurs reprises, lui laisse le champ créatif libre en réduisant dans ses scénarios les descriptifs au minimum. La BD permet à Sicomoro d’allier sa passion du cinéma et du dessin. On apprécie.
La fin de l'album appelle vivement la suite. Tant mieux, ce sera l'occasion de retrouver un dessinateur trop rare en France.
Article publié dans le Mag ZOO N°102 Janvier-Février 2025