L’épisode précédent s’achevait sur un sacré cliffhanger : Spirou embarquait avec p’tit Louis et la petite Suzanne dans un train parmi les premiers juifs de Belgique déportés vers les camps de la mort. Pouvait-on imaginer que le héros créé par Rob-Vel ait pu passer dans sa jeunesse par la case Auschwitz ou Terezin ? Qu’on se rassure, Émile Bravo les fait sauter du convoi dès le premier ralentissement.
Très vite, ils vont rejoindre la ferme d’Anselme et d’Ernestine qui vont les accueillir avec leur générosité coutumière. Et Spirou de retrouver son ami Fantasio pour reprendre leur activité itinérante de marionnettistes qui, à l’insu de Spirou, sert en fait de relais à un réseau de résistants.
Les saisons défilent, et l’Allemagne nazie commence à subir de sérieux revers sur tous les fronts. L’espoir d’une victoire des Alliés renaît lentement. Bravo continue de décrire par le menu quotidien ces années de plomb où tout un chacun peu endosser le rôle d’un héros, d’un collabo, voire d’un salaud. Ainsi, Fantasio se révèle être le personnage le plus surprenant de cette histoire. Son côté immature, ses réactions souvent infantiles au tout début du récit, vont très vite se dissiper. Il se métamorphose en vrai héros, responsable de ses actes, en s’impliquant corps et âme dans la résistance. Et tombe follement amoureux de Madeleine, un maillon du réseau, hélas mariée. Spirou passe également par des troubles sentimentaux avec Mieke, qui se révèle, elle aussi, très déterminée dans la lutte face aux forces d’occupation.
Emile Bravo imprime à son histoire un rythme soutenu
© Dupuis, éditions 2021
Émile Bravo passe allègrement du registre dramatique à celui de la comédie en imprimant à son histoire un rythme soutenu par des moments de tension accentués par un découpage millimétré. Un suspense poussé à son paroxysme comme en témoigne encore la dernière vignette de ce troisième épisode, le plus fourni de cette tétralogie. Patience, la conclusion ne devrait plus trop tarder !