Une curieuse femme léopard s’empare de la nuit bruxelloise. Et si c’était le moyen de remettre Spirou, le dépressif, sur les rails de l’aventure ? Ce septième tome de la série Le Spirou de… suit élégamment un premier album de Schwartz et Yann, Le groom vert-de-gris. Ne manque qu'un peu de clarté pour qu'il brille totalement...
Spirou, ex-héros torturé et groom hanté par la disparition d’Audrey, erre dans un Moustic d’après guerre, noyant sa dépression et son ennui dans le whisky. Il suffit d’une curieuse femme léopard, sur fond de complot nazi, pour que le duo Spirou et Fantasio se reforme et parte à l’aventure.
Les personnages, loin de leurs originaux, sont modernisés voire malmenés par le scénario. Spirou est présenté comme un alcoolique dépressif. Plus adulte, Fantasio quant à lui, a même une vie sexuelle avec la dynamique Glu-Glu qui n’est pas sans évoquer une Seccotine du passé, sans parvenir toutefois à l’égaler.
Le rythme de l’album est vif ainsi que le trait, nerveux. En outre, beaucoup de détails rendent les cases riches et plaisantes. Cependant, l’ensemble finit par devenir confus et bavard, notamment lors de passages référencés avec Sartre. Trop de sujets sont abordés sans être approfondis ou tenus, dont la misogynie, le féminisme, les références culturelles, l’après-guerre, le nazisme, l’alcoolisme et la dépression. Le tout finit par donner une impression de bric-à-brac complexe, tels les motifs liés à l’univers de Fantasio ultra-présents (Z du pyjama, as de pique, coeur, carreau, trèfle sur les habits, la voiture, etc.), qui saturent le lecteur.
La Femme léopard reste un album sérieux et honnête mais décevant. Il peine à séduire en raison de son aspect confus et bavard. Que Spirou et Fantasio ne ressemblent plus beaucoup aux personnages d’origine est un parti pris qu’on peut accepter s’ils sont dotés d’une réelle consistance.
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