Un petit cochon est le gardien d’un immense barrage protégeant sa ville contre des brumes toxiques. Exaltant et poétique. Le veilleur des brumes c’est trois albums rassemblés en une imposante intégrale par les éditions Bande d’Ados. Une performance graphique et onirique immanquable.
Le veilleur des brumes est l’adaptation du court-métrage The Dam Keeper sortie en 2014. Une magnifique œuvre d’animation de 18 minutes à voir absolument ! Les talentueux réalisateurs du court-métrage, Robert Kondo et Dice Tsutsumi, sont également les auteurs de l’adaptation BD. Mais peut-on vraiment parler d’adaptation ?
Robert Kondo et Dice Tsutsumi ont largement étoffé l’univers de The Dam Keeper dans les albums. En effet, les événements racontés dans le court-métrage, entièrement muet, prennent place avant ceux des albums ; sorte de préquelle à une plus grande épopée, avec cette fois des dialogues et de nouveaux horizons. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu The Dam Keeper pour dévorer Le veilleur des brumes.

Le veilleur des brumes © Bande d'Ados, 2022
Black sad et Pink resilience
Comme dans le court-métrage, nous suivons Pierre, un petit cochon orphelin, habitant mais surtout gardien de la tranquillité de Val-de-l’Aube. Val-de-l’Aube est une ville protégée par un immense barrage contre des émanations mortelles appelées « les brumes ». Le veilleur des brumes a pour mission d’actionner le moulin perché au sommet du barrage afin de les repousser lorsqu’elles s’approchent un peu trop près des murs. Et ce veilleur n’est autre que Pierre.
Le petit cochon n’a qu’une amie : Roxanne, jeune renarde pétillante. Pour lui faire plaisir, il est obligé de se coltiner Roland, hippopotame un poil brute épaisse. Ils se retrouvent tous les trois un soir au moulin. Depuis plusieurs semaines, Pierre a remarqué que les brumes se déplacent par vagues de plus en plus fortes. Ce soir-là, la vague est gigantesque. Elle détruit le moulin et propulse les trois amis dans les ténèbres, au-delà des murs de la ville…

Le veilleur des brumes © Bande d'Ados, 2022
L’intrigue des albums est très mature, entre deuil, mystères et poids du bien commun. Les illustrations sont elles très douces. Elles donnent vie à cet univers anthropomorphique fantastique. Le dessin granuleux rappelle l’esthétique vaporeuse du court-métrage. Les couleurs et ambiances sont très travaillées. Quelques cases sont parfois un peu trop sombres mais la lecture reste fluide. Les doubles pages de paysages sont magnifiques et le chara design aussi mignon que les brumes sont sordides.
Une très grande trilogie.
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