Marini revient à l’antiquité romaine qui fit de lui un auteur complet. Le récit va à cent à l’heure, avec un dessin dynamique, au style rapide, en lien avec ses autres travaux récents. Un tome de transition, aussi on attend surtout la suite.
Enrico Marini revient après quelques années à la série sur laquelle il fut pour la première fois auteur complet en 2007. Ce dessinateur surdoué était alors sans doute attendu au tournant, après avoir eu pour scénariste Thierry Smolderen (Olivier Varèse, Gipsy), Jean Dufaux (Rapaces) ou Stephen Desberg (L’étoile du désert, Le Scorpion). Les Aigles de Rome, porté par la fougue graphique de Marini, fut un succès. Puis, pour ses diptyques Batman The dark prince charming et Noir Burlesque, l’auteur usa d’un style plus rapide. Style qu’il a conservé pour ce nouvel opus de sa série antique.
Les Aigles de Rome VI
© Enrico Marini - Dargaud
Si on ne connaît de Marini que ses derniers travaux, on ne sera pas surpris du résultat et on appréciera la vie qui émane de son dessin, associée à un certain panache. Mais les plus anciens lecteurs pourront regretter des planches moins fignolées qu’avant. Combats, intrigues politiques et scènes sensuelles se succèdent à un bon rythme, tout au long des 80 pages d’un album qui rebat les cartes après un premier cycle dont le dernier tome avait été particulièrement sanglant. La trame est ici classique, opposant à nouveau les frères de lait Marcus Valerius Falco et Arminius. Marcus apparaît cette fois en gladiateur implacable, cinq ans après qu’Arminius, rallié aux Germains, ait vaincu Rome lors de la bataille de Teutobourg. Rappelons qu’Arminius est fils d’un prince Germain, même s’il a été éduqué par le père de Marcus.
Les Aigles de Rome VI
© Enrico Marini - Dargaud
Le cadre aurait pu être plus saisissant avec une reconstitution plus détaillée de la vie dans la ville éternelle. D’autant plus que l’on sait que Marini possède une réelle virtuosité graphique. Et peut-être, pour injecter un peu de jus à son récit devrait-il travailler avec un co-scénariste et ainsi mieux distinguer la série de la « concurrence » (Murena, Alix Senator, La voie du glaive…) et lui donner un second souffle salutaire ? Dans tous les cas, Rome n’a pas fini de bruisser de complots…