Esther, 10 ans, raconte son quotidien et ses rêves à Riad Sattouf. Elle n’aurait pas pu trouver mieux pour mettre en BD un an d’enfance avec sérieux et humour à la fois. Ces bouts de vie sont diablement universels, marrants et émouvants surtout grâce à la plume du créateur de Pascal Brutal.
10 ans, c’est l’âge du CM1, des métiers auxquels on rêve, des garçons trop nuls quand on est une fille (et inversement), des jeux qu’on peut refaire 100 fois et des amitiés qu’on croit éternelles. Esther raconte une période charnière de la vie parsemée de détails profondément contemporains : pour être heureux il faut posséder un Iphone et pour réussir « être souple et blonde ».
Mélange qui appelle autant à la nostalgie de nos 10 ans qu’à la surprise devant certaines certitudes enfantines, Les cahiers d’Esther font appel à toute la palette narrative de Riad Sattouf. On s’émeut de l’adorable naïveté d’Esther qui hésite à ne plus croire au Père Noël, s’indigne face à certains comportements cruels et rit des aphorismes enfantins. Dans des cases saturées de détails cocasses, un an d’enfance file à toute allure sans jamais se répéter.
Pour illustrer ce récit aussi dépaysant que L’Arabe du futur, Riad Sattouf pioche dans ses classiques. Le père d’Esther ressemble étrangement à Pascal Brutal et quelques CM2 ont déjà des tronches de Beaux Gosses. Avec sont trait caricatural et ses couleurs minimalistes, même les scènes violentes sont dédramatisées. Si Esther est très sérieuse dans son récit, l’humour de la mise en scène permet à ces cahiers de mêler fraicheur, regard sur la société et rire franc.
Sans le vouloir, la petite Esther dépeint un sacré portrait du monde dans lequel elle vit. Qu’elle raisonne sur le racisme, l’homosexualité ou les galères de meilleure amie, elle sait toujours émouvoir et faire sourire. À lire et relire quel que soit votre âge.