Année après année, Riad Sattouf nous offre des tranches de vie d’Esther, qui est désormais en 2nde, et c’est toujours aussi réussi : drôle, bien vu, parfois émouvant. Un miroir de notre époque vue par les yeux d’une jeune fille de 16 ans.
Esther est maintenant en 2nde et va fêter ses 16 ans. Rappelons que Riad Sattouf raconte la vie d’Esther depuis ses 10 ans. Esther existe vraiment (mais a un autre prénom) et ils échangent tous les deux par SMS et par téléphone ; puis Sattouf fait le tri dans ce qu’elle lui a raconté et transforme le fait choisi en une planche de BD publiée dans l’Obs. On retrouve bien le style de l’auteur dans la manière de raconter. Si Esther aime parler des garçons « terriblement beaux » qu’elle voit au lycée, Sattouf préfère l’aiguiller sur l’actualité ou les petits faits du quotidien qui lui permettront de traiter notre société vue par le regard d’une jeune fille.
Il ne pensait pas que Les cahiers d’Esther aurait ce succès auprès des jeunes, car il ne s’adressait pas à eux au départ. Mais il a su totalement capter l’esprit du primaire, puis du collège et maintenant du lycée.
La vraie Esther a fini par dire à ses amies que c’est elle qui inspire la série, mais on la prend alors pour une « mytho ». Et Sattouf fait attention à ce que les protagonistes extérieurs à sa famille ne puissent pas se reconnaître, quitte à décaler de 6 mois la publication d'une planche pour brouiller les pistes. Esther peut ainsi rester elle-même, sans pression.
Les Cahiers d'Esther T.7 - Histoire de mes 16 ans
© Allary éditions, 2022
Dans cet album, Esther fait face au Covid, au regard des hommes sur son corps qui s’est transformé, aux fumeurs de shit de son lycée... ainsi qu’à sa volonté d’être plus indépendante, même si une séance de babysitting compliquée, un voyage en train qui vire au cauchemar ou des choix à faire pour les options de 1ère montrent qu’elle est encore une enfant ayant besoin du cocon familial, avec son père, ce héros.
Avec un dessin simple mais efficace, le petit monde d’Esther est toujours aussi attachant. Et l’histoire se finit sur un « coup de théâtre » lors du jour de la rentrée en 1ère qui fait que l’on maudit d’autant plus de devoir attendre un an pour avoir la suite dans l’album de ses 17 ans.