Les chemins de Compostelle n’en finissent plus d’attirer les adeptes. La facette mystique a contribué à faire de ce sujet une manne éditoriale et littéraire, mais aussi commerciale. Ce n’est pas le cas avec cette nouvelle série au scénario très travaillé et au dessin de choix signé Servais. En route !
Blanche a de la chance : la petite Belge a un grand-père hors du commun. Un génie brasseur de bière, alchimiste et sculpteur de fer qui lui transmet les plus belles choses de la vie : le respect des autres, la compréhension de la nature, l’humour, la dérision, la farce. Tout ce qui rendra sa vie plus douce. Devenue adulte, Blanche décide de partir vers Saint-Jacques-de-Compostelle en mémoire de son grand-père qui a rendu l’âme et pour apprendre à mieux se connaître.
Tout comme Céline du Mont-Saint-Michel, Alexandre, un Suisse guide de montagne et Dominique venu de Saint-Mathieu de Fine-Terre en Bretagne, « Petite Licorne », comme la surnommait son grand-père, quitte sa Belgique pour suivre le chemin légendaire. Cette série prévue en sept tomes est pleine d’entrain et de mouvement. Le pépé, marginal et attachant, y est pour beaucoup dans la réussite de la construction narrative.
Les créations de Servais se suivent mais ne se ressemblent pas. Elles renferment toutes ce coup de crayon singulièrement réaliste. Ici, un travail très sensible a été mené sur les couleurs. Le graphisme abouti contribue à évacuer la crainte d’une énième livre dédié au sujet. Car dans cette ouverture, le chemin est un prétexte à raconter le lien fusionnel entre une fillette et son papi.
Un précis historique sur les origines du chemin, l’évolution de l’engouement des marcheurs à l’emprunter, tamponné par les étapes, apporte un peu plus de crédibilité au récit. Espérons que les six prochains tomes sortiront à la vitesse d’un bon randonneur.