À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Tour de France en bicyclette de 1938 est menacé d’un attentat. L’inspecteur Edgard Granville se confronte aux agents de l’Intelligence militaire allemande qui préparent l’assassinat du célèbre coureur italien Gino Bartali dans l’espoir de provoquer une crise diplomatique entre l’Italie et la France. Une fiction haletante et réaliste…
L’ incontournable Tour de France est un sujet déjà largement exploité en bande dessinée. De Franquin à Lax en passant par Pellos, Debon ou Davodeau, la Petite Reine parfois drôle et parfois romancée a su gagner ses lettres de noblesse, loin des routes, sur le papier. C’est pourtant bien la première fois, sous l’inspiration de Frédéric Brrémaud, qu’elle se retrouve au cœur des méandres sombres de l’espionnage d’avant-guerre.
Une ligne claire vraiment appropriée
Au-delà de la fiction, simple et efficace, l’auteur connu en particulier pour son goût prononcé pour le scénario documenté, nous sert une très agréable leçon d’Histoire, celle, avec un grand H, de l’Europe de la fin des années 30 et celle, bien plus populaire de la plus mythique des courses cyclistes.
De plus, la pertinence et la qualité de la ligne claire de Frank Leclercq alimentent considérablement le classicisme attendu dans une telle histoire et à une telle époque. Des périlleuses routes de montages de l’Izoard aux croix gammées qui ornent la Porte de Brandebourg, les aplats stricts de couleurs confortent un réalisme de circonstance.
Inutile de tourner en rond donc. Scénario maîtrisé, dessins et couleurs adaptés, un mélange d’ingrédients fait pour gagner. Cette première enquête terminée et réussie, que l’on regrettera d’avoir avalée aussi vite, ne s’achève que sur l’impatience du lecteur d’en voir arriver une prochaine.
Article publié dans le magazine Zoo n°67 Septembre - Octobre 2018