Un soir, deux agents de la brigade fluviale découvrent tout près d’un pilier du Tower Bridge le cadavre d’une jeune femme flottant dans un suaire improvisé. Sans toutefois parvenir à l’identifier les agents du Yard pensent qu’il s’agit d’une ressortissante française. La police française est informée et c’est à son corps défendant que le commissaire Raffini est missionné par sa hiérarchie pour aller enquêter avec ses confrères londoniens. Classique jusque dans l’usage d’inévitables stéréotypes sur le mode de vie typiquement british.
Cette nouvelle enquête policière imaginée par Rodolphe pourrait être tirée d’un fait divers quelconque et s’avère assez simple dans son cheminement et sa résolution. Elle n’est finalement qu’un prétexte pour plonger le lecteur dans l’ambiance des années cinquante, cette période dorée qui fut aussi celle de sa jeunesse qu’il évoque avec nostalgie.
Dans cette optique, en expédiant Raffini pour la première fois hors de nos frontières, le choix de Londres comme lieu d’enquête participe pleinement à cette envie de revisiter cette heureuse décennie. D’ailleurs le clin d’œil de la couverture, sans équivoque, renvoie à un célèbre album publié à la même époque qui a forcément marqué Rodolphe, voire même forgé sa vocation d’auteur de bande dessinée.
Le trait de Christian Maucler qui oscille entre la franche caricature et un réalisme pointilleux nous fait pleinement goûter aux charmes de l’époque dans les moindres détails. Après les quatre premiers tomes dessinés par Ferrandez, il n’a pas cessé de prouver qu’il était l’homme de la situation pour s’approprier les personnages et leur donner du sang neuf.
En fin d’album, un supplément de dix pages richement illustré relate tous les aléas de publication que les deux auteurs ont essuyés au fil des parutions : faillite de leurs éditeurs successifs, cessation d’activité éditoriale. Rien ne leur a été épargné ! On ne peut donc que saluer leur obstination de faire perdurer cette série.