Avec un dessin semblant lorgner sur les pulps des années 50, ce futur peu réjouissant proposé par Liu Cixin est malgré tout une lecture agréable grâce à la personnalité du méchant du récit, un dinosaure évolué.
Une « roue » de 50 000 km de diamètre fonce droit vers la Terre. Du moins, elle sera là dans un siècle. Son objectif ? En aspirer toutes les ressources (eau, oxygène, minerais) avant de la recracher comme un noyau de cerise. L’auteur chinois de SF Liu CIxin explique en termes (pseudo) scientifiques les catastrophes écologiques induites par ce pillage à vaste échelle et ce n’est pas réjouissant.
Grandes Dents, un gros dinosaure émissaire des habitants de la roue, est venu préparer le terrain. Il n’est pas vraiment sympathique, dévorant d’emblée un dignitaire terrien pour en apprécier le goût. « Coup de chance » : les hommes représentent un mets convoité et auront droit à la vie dorée d’un bétail haut de gamme dans la roue plutôt que de mourir dans la destruction de la Terre.

Les Futurs de Liu Cixin
© Delcourt, 2922
Face à ces perspectives peu réjouissantes, un colonel plus qu’opiniâtre va tenter le tout pour le tout pour contrer l’Ennemi. Jean-David Morvan, qui signe l’adaptation, réussit avec le matériau de la nouvelle de Liu Cixin à offrir un face-à-face intéressant entre le militaire et Grandes Dents, sans doute le meilleur ressort du scénario. Leur long affrontement final, ponctué de leur dialogue, se lit avec intérêt. Le dinosaure se révèle presque attachant.
La SF étant une manière de nous parler de notre civilisation, nous ferons bien sur le rapprochement avec la surexploitation de notre planète, la place de l’Homme dans l’Evolution, voire avec l’alimentation à base d’animaux d’élevage. On peut toutefois regretter que malgré le dessin efficace (mais sans véritable grâce) de Yang Weilin, tout cela soit un peu trop abracadabrant. Liu Cixin est ingénieur de formation, mais cela ne donne pas de caution scientifique à son propos.
Reste le plaisir de la lecture et la réflexion de la place de l’Homme dans l’évolution. Le côté néo-fifties dans le traitement narratif et visuel contribue au charme de l’album.