Le siège de Sarajevo dans les années 90 est le point de départ d’une histoire dans laquelle Liu Cixin brode autour de ses obsessions : la guerre et la science. Un petit battement d’aile pour un effet papillon grâce au talent de Dan Panosian.
Il y a deux manières de tenter de sauver sa famille quand elle est en danger : rester avec elle pour la protéger ou partir au loin dans le but de résoudre le problème par un coup de poker se transformant en coup de maître. Thorgal a ainsi souvent laissé Aaricia avec ses enfants pour affronter les dieux aux quatre coins du monde. Alexander, le héros d’une nouvelle de Liu Cixin adaptée par l’auteur de comics Dan Panosian, est de cette trempe. Alors que sa femme et sa fille (qui vient d’être greffée d’un rein), risquent leur vie dans Sarajevo assiégée, il part tenter de protéger sa ville et les siens en déclenchant « l’effet papillon » depuis un désert aride ou le froid glacial de l’Antarctique.
Car Alexander est persuadé d’avoir réussi à mettre au point un algorithme (sans doute le plus long du monde) permettant de calculer des lieux précis éphémères, quelque part sur la planète, d’où il pourra influer sur la météo de Sarajevo ! Son objectif : créer des nuages au-dessus de la ville pour empêcher les attaques aériennes.
Les Futurs de Liu Cixin - Tome 12 - Le Calcul du papillon © Delcourt, 2023
Dan Panosian met tout son art graphique au service de cette histoire qui fait penser à d’autre opus de la collection, tel Brouillage intégral. La guerre et la science, deux piliers des écrits de Liu Cixin. L’album a le tort d’être publié en 12e place. Et comme d’autres, il jongle entre explications scientifiques en apparence pointues et situations irréalistes. Alexander ne suscite que peu d’empathie : on le voit finalement papillonner (osons le jeu de mots !), prendre un plaisir égoïste dans sa quête au bout du monde, alors que sa femme et sa fille de plus en plus fragile souffrent dans une ville exsangue. Il a donc la vie d’un héros « à l’ancienne ».
L’ambition scientifique, même avec des motivations humanistes, déconnectant irrémédiablement l’homme de la réalité, semble nous dire Le Calcul du papillon. On referme le livre avec un goût amer.
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