Ce récit de guerre est fort bien raconté avec une narration en voix off rappelant la série TV Les Têtes brûlées. L’équipage du char Crusader au centre de l’histoire n’est pas constitué de soldats exemplaires : ce sont simplement des hommes.
Le titre de la collection, Les Grandes Batailles de chars, pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un album technique réservé aux spécialistes qui font l’inventaire des boulons des chars, d’autant que le coéditeur est le Musée des blindés de Saumur. Mais pas du tout ! Les hommes sont résolument au centre de cette histoire écrite par Thierry Lamy (scénariste de Promise et de Force navale) : l’équipage d’un Crusader II et leur antagonisme avec leur capitaine. Ce dernier est l’archétype du fou de guerre, le genre de personnage qu’on adore détester. S’il est décrit de manière un peu trop caricaturale, sa présence évitera en tout cas au scénariste d’être taxé de « militariste » !

El Alamein - De sable et de feu © Glénat, 2023
Pour le reste, c’est un sans faute, à commencer par l’écriture : le récit est raconté à la première personne par un des protagonistes de l’histoire (nous ne saurons qu’en fin d’album de qui il s’agit) et Lamy a trouvé le ton juste. Cette narration donne un cachet particulier à la BD, nous partageant l’humanité de l’équipage du char, chaque membre ayant ses qualités et ses défauts. Et nous comprenons leur attachement à leur Crusader : leur vie en dépend. La bataille d’El Alamein, victoire alliée coûteuse en hommes, est la toile de fond plus que le centre du récit, mais elle est bien amenée et le dossier en fin d’album permet de bien en comprendre les ressorts avec en prime une fiche de présentation détaillée du Crusader .
Nous découvrons avec cet album le dessinateur italien Alessio Cammardella qui offre un dessin précis, mais sans surcharge, très lisible. Ses planches sont très bien composées, avec une mise en pages variée. Son trait se fait nerveux sur les visages des personnages, traduisant leur tension et leur fatigue. Il a un style bien à lui.
Le travail conjugué des auteurs fait que le lecteur s’attache aux protagonistes et qu’en refermant l’album, il garde en tête la petite musique âpre distillée au fil des pages.