Ce second tome poursuit les tribulations d’Achille Talon dans un monde moderne qui le dépasse. Cette version, made in Fabcaro au scénario et Carrère au dessin, continue de séduire.
Achille Talon, évolue toujours dans un monde dont il a du mal à appréhender les codes. Bien qu’il fasse preuve de la meilleure volonté du monde, Achille peine à communiquer dans une société qui a évolué. Ainsi, il ne sait toujours pas parler aux femmes ou aux vendeurs de kebab, ne sait pas vivre en bon voisinage, semble peu adapté à une vie d’adulte, lui qui habite toujours chez papa et maman, ne sait pas parler à la radio... Achille a même du mal à recevoir les informations. Plus que le monde moderne, la communication serait bien le talon d’Achille.

L’écriture drôle, nuancée et fine de Fabcaro fait fuser les bons mots. Si certaines planches sont plus convenues, d’autres élèvent l’ensemble par leur qualité. L’absurde y est particulièrement bien manié que ce soit dans la toute première où l’éditeur offre un retour sur le premier tome, ou sur une planche où Talon essaie de changer les cadres de narration. Cet esprit respecte les points forts de la série d’origine tout en développant une tonalité plus personnelle.
Le trait de Carrère surprend encore un peu avec sa ligne peut-être trop épaisse, ou des yeux trop petits. Cela est essentiellement dû à un regard habitué à toute une tradition d’Achille avant lui. Si un temps d’adaptation est encore nécessaire, le dessin solide et expressif de Carrère respecte un univers graphique sans le copier. Et dégager de la personnalité dans un cadre établi, n’est pas si simple.
Les deux auteurs se sortent de cette reprise périlleuse avec honneur. Leur subtilité consiste à ne pas s’appesantir sur la thématique de la modernité pour, au contraire, l’intégrer au récit et évoluer vers la communication et les problèmes qu’elle pose.