La plongée dans la plantation esclavagiste de White Plain, sur laquelle repose un mystère tenace. Crue, violente et captivante cette BD emmène le lecteur dans un univers asphyxiant qui livre un bout d’histoire sur les tourments endurés par le peuple noir.
On est dans le Sud profond, en Nouvelle-Orléans. La guerre de Sécession n’a pas encore commencé et, à la plantation de White Plain, on fouette et on pend allègrement des Noirs. Le contremaître et la patronne ont des rapports ambigus et les enfants sont de futurs tortionnaires. En toile de fond, deux mystères sans doute étroitement liés : les circonstances tumultueuses de la naissance de Charles, le jeune héritier de la plantation et le rapport privilégié entre sa mère et Moise, l’un des jeunes esclaves, à l’origine de la haine entre les deux adolescents du même âge.

En couverture, le lecteur comprendra l’essentiel : à l’avant-plan, la fuite de deux esclaves noirs à travers l’enfer vert du bayou. Alligators et nuit d’encre viennent compléter la sinistre vision tandis qu’à l’arrière-plan, le suspense de cette course-poursuite est entretenu par la vue des poursuivants, équipés de flambeaux, fusils et chiens... L’auteur ne nous épargne rien des comportements sordides des esclavagistes : viols, torture, suicide... Une atmosphère pesante mais qui participe à rendre l’histoire captivante, tout en rendant compte de la réalité de l’époque.
Les dessins, empreints de réalisme, collent parfaitement avec la dureté du récit, même si certaines expressions faciales semblent parfois un peu figées. Du côté des paysages comme des costumes, le trait est très détaillé, et l’illustration irréprochable.
Un thriller prenant au cœur de l’enfer du Sud des Etats-Unis dont le mystère ne se dévoilera entièrement qu’au deuxième tome des Maîtres de White Plain.