Pau, 1903. Petite fille et fille de propriétaires de plantations de canne à sucre, Eliza Huc se souvient de ses jeunes années en Martinique. Stéphane Piatzszek et Gilles Mezzomo concluent leur triptyque au moment où le nouveau pouvoir républicain vient tout juste de décréter l’abolition de l’esclavage.
Cette saga familiale s’inscrit dans un contexte historique particulièrement bien défini et plutôt nuancé dans les rapports entre les « maîtres » et leurs « nègres » qu’ils ont acquis parfois chèrement et qu’ils gèrent comme du vulgaire bétail. Entre le moment où la loi initiée par Victor Schœlcher est promulguée et le temps où sa mise en application dans les territoires d’outre-mer sera effective, laisse la porte ouverte aux pires exactions des deux communautés et un vent de révolte finit par prendre le dessus alors que l’île est à deux doigts de s’embraser.
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C'est le troisième et dernier tome des maîtres des îles
© Glénat
Il revient à Stéphane Piatzszek d’avoir su animer une belle brochette de personnages, tous plus vrais que nature, tant dans leur caractère que dans leurs motivations et leurs rapports des uns aux autres, dans un contexte historique tout aussi crédible. Ce beau portrait de femme rappelle bien sûr celui d’Isabelle, l’inoubliable héroïne des Passagers du vent de François Bourgeon. C’est presque à regret que nous la quittons, un peu frustrés de ne pas savoir comment elle a pu traverser les cinq décennies qui précèdent son installation en France.
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Julius parcourt les forêts de l’île à la recherche d’esclaves en fuite
© Glénat
Après avoir signé le triptyque Mexicana avec Matz et le diptyque Le vétéran avec Frank Giroud, qu’il s’inscrive dans le contemporain ou l’historique, Gilles Mezzomo continue d’aligner les réussites avec une belle régularité et un rythme soutenu. Réussira-t-il à convaincre son partenaire de remettre le couvert pour une nouvelle aventure ? L’avenir nous le dira sans doute bientôt.