Pour le plus grand plaisir des amateurs de Thorgal, Yann et Surzhenko prolongent les aventures du héros dans un spin-off dont le présent épisode remplit bien le contrat : au programme, personnages bien campés et rebondissements.
Le jeune Thorgal est parti en drakkar avec une troupe de Vikings dont son frère de sang Sveynn. Ce dernier veut récupérer le trône qui lui échoit du fait de la mort de son père, Harald, tué de ses propres mains pour défendre sa mère. Thorgal préférerait bien sûr être avec sa promise, Aaricia. Cependant, il se retrouve enrôlé malgré lui dans une lutte sans merci contre Sydönia, fille de Harald et demi-sœur de Sveynn. Ce n’est pas le sens de la famille qui étouffe la toute jeune fille : en digne fille de son père, une rage intense l’habite ; elle est de plus conseillée, semble-t-il, par l’esprit de son défunt père. Malgré son jeune âge, elle représente une adversaire redoutable pour Thorgal et Sveynn. Les péripéties s’enchaînent.
Le scénariste Yann a su se fondre dans l’univers de Thorgal en construisant des intrigues répondant bien à ses canons. C’est à nouveau le cas pour ce 10ème tome de La jeunesse de Thorgal, série dérivée de celle créée par Van Hamme et Grzegorz Rosinski il y a 45 ans. On lit avec plaisir l’intrigue et on s’attache aux personnages, avec leurs qualités et leurs défauts. Sveynn est à ce titre un personnage intéressant, partagé entre son amitié réelle pour Thorgal et sa soif de pouvoir. Cette dualité rappelle celle de Kriss de Valnor, à la fois amoureuse de Thorgal mais ayant une absence totale de scrupules incompatible avec l’éthique de celui-ci.
La Jeunesse de Thorgal T.10 - Sydönia
© Le Lombard, 2022
Roman Surzhenko représente avec un dessin très réaliste l’univers des Vikings de l’an Mil. Son trait, à la fois classique et vivant, se fait plus précis que celui de Rosinski, tout en étant dans l’esprit de celui du Maître. Rosinski fait toujours la couverture. Et mention spéciale aux couleurs d’Elvire de Cock, dont c’est la première contribution à la série : elle a su contribuer à l’ambiance nécessaire au récit.
Thorgal est (une fois de plus) en sale posture à la fin de l’épisode, et on a envie de lire la suite. Le contrat est donc rempli.