Une nouvelle aventure de Bruno Brazil et du commando Caïman coincés dans les années 70, lorgnant sur le fantastique tout en laissant de la place à l’action. Parfois rocambolesque. Pas simple de succéder à Greg et Vance, mais ça passe...
La nouvelle série a fait le choix audacieux de se situer dans la continuité directe de là ou Greg l’avait laissée. C’est-à-dire au milieu des années 70, après le massacre d’une bonne partie de l’équipe de Bruno Brazil, le commando Caïman, sur l’impulsion du bouillant Michel Greg, avec l’aide du trait acéré de William Vance.
Donc nous (re)découvrons voitures d’époque et absence de téléphones mobiles. Cela dit, pas simple de retrouver l’esprit du Greg d’alors ! On ressent quelques tentatives dans les dialogues. Mais aussi des évolutions : l’intrigue écrite par Laurent-Frédéric Bollée surfe avec le fantastique, sur base dans ce troisième tome de manipulations génétiques et de chamanisme, ce qui pourrait chagriner certains. Le propos pourrait finalement faire penser à un scénario de Bob Morane, autre série dessinée un temps par Vance.
Brazil est épaulé par les survivants du Commando Caïman qui avait été à moitié décimé dans le dernier album écrit par Greg, . Bollée creuse le sillon créé dans les tomes 1 et 2 de cette reprise, avec des héros devant affronter leurs angoisses voire leur handicap, histoire d’apporter un peu d’épaisseur au scénario. Dommage que la mécanique manque parfois de précision.
Les nouvelles aventures de Bruno Brazil : Terreur boréale à Eskimo Point
© Le Lombard, 2022
Philippe Aymond apporte à l’univers son beau trait classique. S’il ne cherche pas à construire son dessin à la façon de Vance, on voit le soin apporté aux visages pour que les (vieux) lecteurs reconnaissent bien les personnages. Les décors de l’auteur de Lady S sont quasi photographiques, donnant de l’intensité à certaines cases où ils participent pleinement à l’ambiance. Et mentionnons les séquences avec les ours blancs, parmi les mieux réussies de l’album.
Cet album du duo de l’excellente série Apocalypsemania est donc à lire comme un roman d’été sur la plage, sans trop se poser de questions, en se laissant porter par les péripéties et par le dessin.