L’épopée de la naissance de l’industrie cinématographique brossée avec talent par des auteurs qui savent en faire vivre les protagonistes, au-delà de leur statut de personnages historiques. Un récit choral pleinement réussi.
Récit historique, success story, parcours cheminé d’embûches, drame, féminisme, course aux inventions... Les pionniers, c’est tout cela à la fois. Avec non pas un seul héros, mais plusieurs, et pas des moindres : Charles Pathé, Léon Gaumont, Alice Guy, Georges Méliès, Les frères Lumière... Autour d’un thème : les débuts du cinématographe.
Sur la base d’une idée et des recherches documentaires de Damien Maric, le scénariste Guillaume Dorison (frère de Xavier) échappe à l’écueil de la sécheresse du récit historique en faisant véritablement vivre ses personnages. Charles Pathé est certes un entrepreneur, mais il a un sacré caractère. Et on admire la patience de son épouse lors des nombreux coups durs à affronter, mais aussi son apport à la réussite de Charles. Léon Gaumont veut imprimer sa volonté sur son temps, mais il accorde sa confiance à Alice Guy, jeune femme visionnaire qui va s’improviser cinéaste et beaucoup apporter à un art qui doit encore s’inventer. De nombreux seconds rôles les entourent, tous bien caractérisés, ce qui aide à s’y retrouver face à cette forêt de moustaches !
En effet, le dessin de Jean-Baptiste Hostache (qui vient de l’Animation) apporte fluidité et efficacité au récit. Du style et aucune faute technique, que demander de plus ? Il nous plonge dans l’ambiance de l’époque avec talent. Son trait va à l’essentiel tout en sachant nous faire partager le caractère et les émotions des acteurs de cette folle aventure humaine et industrielle.

Les pionniers T.1 - La machine du diable
© Rue de Sèvres, 2022
En deux chapitres, « La bataille des brevets » puis « La guerre industrielle », les auteurs content sur quelque 140 pages les débuts d’une épopée héroïque. Ils réussissent à ne pas nous perdre entre tous les protagonistes qui se croisent, se défient, s’allient ou se trahissent au gré des événements.
On peut comprendre qu’il ait fallu 10 ans pour mener à bien ce projet. Nous lirons le tome 2 avec autant de plaisir, assurément.
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