Les Royaumes de Tiketone - T1 : Les reliques des morts vivants

Ce qui s’apparente à un récit pour ados surprend par la dureté de ce qu’ont vécu ces enfants. Le lecteur adulte sera frappé par un univers où la magie semble surtout venir de la volonté farouche d’orphelins de rêver. À lire, ado ou non.

Ce que Thomas a affronté est traumatisant : il a vu ses parents et sa sœur mourir dans un accident de voiture dont il est le seul survivant. Mais sa sœur avait quelque chose de particulier : un don pour voir dans l’au-delà, pour prévoir le funeste événement qui lui est arrivé. Durablement marqué, Thomas se retrouve dans un orphelinat. Mutique, un casque à cornes vissé sur la terre pour se protéger d’un monde si dur. Sa seule amie est Marianne, une fille un brin médium.

Les Reliques des morts vivants © Casterman

C’est sur cette base que Mélissa Morin va partir pour tisser d’un dessin réaliste tout en étant « ligne claire » un récit plein de mystères et de rebondissements. Non, Thomas ne sera pas le souffre-douleur de l’orphelinat. Il est clairement à part, mais ses propos étranges à propos d’un possible accès au royaume de Tiketone vont intriguer une petite bande de garçons cabossés par la vie (quand ils ont des parents, ces derniers sont alcooliques, drogués, violents…). Tout est bon pour sortir de leur triste quotidien. L’important est d’avoir un but, quel qu’il soit, pour se dépasser, semble nous dire Mélissa Morin. L’autrice construit son scénario comme une quête avec des épreuves assez énigmatiques. Thomas, qui espère retrouver sa sœur dans le monde fantastique de Tiketone, montre qu’avec de la volonté, on peut faire adhérer les plus sceptiques à ses propos.

Un peu comme dans Totoro (Thomas est d’ailleurs surnommé Torot, au début), on ne sait pas si les épisodes surnaturels que voit le garçon sont le fruit de son imagination ou réels. Il est intéressant de savoir que l’autrice est issue d’une famille de médiums, que ses parents se sont constitués famille d’accueil pour des orphelins et que son petit frère a inspiré le personnage de Thomas.

L’autrice a donc mis beaucoup d’elle-même dans ce premier tome de ce qui s’annonce être une trilogie et cela contribue à lui octroyer un charme particulier que l’on ressent très vite à la lecture.