Les vents ovales - T2 : Monique

Nous retrouvons avec bonheur ce petit village du sud-ouest pour cette chronique douce et joyeuse qui se déroule à la fin des années 60.

Cet album qui précède mai 68 montre comment l’ambiance de révolte nationale atteint deux villages du pays du rugby séparés par une rivière. Les deux héroïnes principales poursuivent leur chemin. Yveline, fille d’agriculteurs douée pour les études, part à Paris après son bac. Son amoureux local souffre de leur séparation d’autant qu’elle sera happée par les mouvements d’étudiants et ne montre guère d’empressement à revenir auprès des sien. Monique, son amie et fille du patron de l’usine, tombe amoureuse de l’instituteur communiste au grand désespoir de son père. Elle se retrouve bientôt enceinte, à une époque où la pilule n’est pas encore disponible, ce qui tend les relations familiales. En plus de suivre ces deux jeunes femmes, l’album dresse le portrait d’autres personnages : les membres des équipes de rugby des deux villages, leurs entraîneurs respectifs, le curé, le notable local, ainsi que le cordonnier et son ami le marquis.

Jean-Louis Tripp, qui réalise rarement des scénarios pour d’autres, a coécrit cette trilogie avec son amie Aude Mermillod. Il ancre l’histoire dans sa région natale, à une époque où il avait lui-même entre 8 et 10 ans. Bien que non autobiographique, ce récit fait écho à plusieurs thèmes chers à Tripp, comme le rugby, les tensions politiques entre le patronat et les ouvriers, les premières amours, et les affrontements idéologiques de l’époque. Aude Mermillod apporte quant à elle une touche de sensibilité féminine, incarnée dans les deux héroïnes, et offre des dialogues d’une grande justesse.

Les vents ovales Tome 2 - Monique © Tripp Jean-Louis, Aude Mermilliod et Horne aux éditions Dupuis

Le dessinateur Horne, connu pour son style polymorphe, adopte ici un trait semi-réaliste, léger et adapté aux années 60. Ses planches sont aérées, souvent organisées en trois bandes, et ses décors particulièrement travaillés. On ressent son plaisir à recréer l’époque, que ce soit à travers les voitures, les vêtements, l’architecture, ou les papiers peints fleuris typiques. La mise en couleurs, assurée par Jérôme Maffre, renforce l’harmonie de l’ensemble avec des teintes pastel et des tons d’époque, à l’image de la couverture orange.

Ce récit choral, accessible à tous, saura séduire un large public.