Stan Silas a un univers bien à lui, un mix d'aventures, d'humour et de délire avec une dose de trash. Le tout empaqueté avec un dessin kawaï (mignon, quoi). Le lecteur appréciera mieux le propos s'il est sensible à la culture pop.
Le pitch est faussement simple : un avion emmenant des orphelins en vacances se crashe dans un coin paumé de la Lozère et les survivants vont tenter de… survivre. Et là, tout dérape : prisonniers d’une gigantesque enceinte infranchissable, ils sont attaqués par des enfants poulets (vous avez bien lu), puis par un écureuil gigantesque. Un renard qui parle, habillé comme un héros de manga, intervient, ttc. Du grand n’importe quoi ? Pas du tout, le scénario, bien que touffu, est très structuré et on en devine (un peu) certains enjeux sous-jacents.
Silas, fan de films de complots de SF des années 50, maîtrise son affaire : si on a du mal à voir précisément où il nous embarque, on lit avec grand plaisir l’épopée. L’auteur y injecte peu à peu des indices qui font comprendre que tout ce qui arrive n’est pas le fruit du hasard. Programme secret de l’armée ? Manipulations génétiques ? Mutations du fait de radiations ? On se perd en conjectures…
Lozère apocalypse, tome 1 © Le Lombard, 2023
Le dessin est définitivement mignon, malgré quelques séquences très violentes. L’influence manga est évidente et peut réduire le champ du lectorat, ce qui serait dommage. Car la construction de l’album doit autant à la BD franco-belge, dont l’auteur s’est nourri enfant. L’encrage est fin et délicat, la composition des planches se fait d’une grande lisibilité, les décors sont travaillés, les couleurs acidulées (de l’auteur) sont en phase avec le style.
Stan Silas tient le rythme sur près de 200 pages denses, sur quatre bandes par page. Il y a du boulot ! Pour un prix de seulement 20 euros, souhaitons qu’il trouve son public. Ce serait dommage de passer à côté de cette œuvre détonante qui devrait se conclure avec le second volume.
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