Une BD somptueuse sur la Résistance, l'amour et l'amour de la Résistance : c'est certainement la meilleure manière de présenter le premier tome de Madeleine Résistante, une pépite historique, politique et sentimentale orchestré par le scénariste Jean-David Morvan et dessinée avec brio par Dominique Bertail. Sensations fortes et suspense garantis.
Fille d'instituteurs de la République, Madeleine Riffaud, joli brin de fille, en a dans le ciboulot. Dans ses veines coule le sang de l'engagement politique à une époque où il est tout sauf simple de s'engager dans la Résistance : les Boches veillent au grain. Poussée par ses parents dans les bras d'un homme de l'ombre, elle va en tomber amoureuse. Mais elle aime bien plus encore l'idée qu'elle caresse depuis longtemps : rejoindre les rangs de ceux qui, comme son compagnon, ont fermement décidé de dire non à l'occupant.
Du sanatorium où elle soigne sa tuberculose aux premières missions de bravoure qu'on lui confie dans la capitale, on suit pas à pas l'entrée de Madeleine en Résistance. Avec bienveillance, mais fermeté : bien que femme en des temps où seuls les mâles ont le droit à la parole et aux choix de société, la petite ne s'en laisse pas conter, bien décidée à mener sa barque dans les méandres du deuxième conflit mondial. Jean-David Morvan excelle une nouvelle fois dans l'art de raconter une histoire pleine de profondeur avec la légèreté nécessaire pour nous faire foncer tête baissée dans son récit au cordeau.
Madeleine, Résistante T.1 - La Rose dégoupillée © Dupuis, 2022
Le trait à la fois réaliste, expressif et soigné de Dominique Bertail, et le choix d'un dessin en noir, blanc et en déclinaisons de bleu, se prête à merveille à ce premier volet, La Rose dégoupillée. A l'heure où sont écrites ces lignes, voilà bientôt un an que cet exceptionnel album a vu le jour. Mais il en va ainsi depuis désormais quelques décennies : journalistes comme libraires se retrouvent tellement noyés dans le torrent de sortie du Neuvième Art qu'ils en passent à parfois à côté de titres incontournables. Madeleine, Résistante, en fait hautement partie.
Comme tout choix, en particulier lorsqu'il s'agit d'amour et de convictions politiques, Madeleine va devoir trancher. Car rester avec celui qui fait battre son cœur et évolue, comme elle, dans le réseau des Résistants, représente un risque considérable au vu de la violence nazie en 1939-1945 : elle est sans limite, et tous ceux qui ont lutté contre, dans l'ombre mais droits dans leurs bottes, le savent bien. La vraie question est de savoir combien de temps les auteurs demanderont à leurs lecteurs de tenir pour connaître la suite. Il faut savoir résister. Pour mieux vivre.
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