Mafalda : Mafalda et l'amour

Mafalda et l’amour n'est pas seulement un livre à (s')offrir pour la Saint Valentin, le propos va bien au-delà du titre un brin réducteur et c’est tant mieux ! De l’humour parfois référencé, mais intemporel.

Notons pour commencer que le rapport d’une bonne partie des strips avec l’amour est plus ou moins lointain. Mais on comprend la démarche, la notion d’amour pouvant être définie de manière très large ou abordée selon des angles très différents. Et surtout, l’important est ailleurs : (re)mettre en valeur la petite héroïne inventée par Quino il y a une soixantaine d’années. Les plus jeunes lecteurs ne la connaissent pas forcément et leurs aînés, même s’ils ont très certainement lu l’un ou l’autre strip de l’héroïne argentine, n’ont pas forcément d’album chez eux pour autant. 

Mafalda et l'amour © Glénat

Lire ce Mafalda et l’amour s’avère donc doublement intéressant. Les propos tenus par les différents personnages sont souvent intemporels et d’une grande justesse. Ou tout simplement amusants. Et il est intéressant également de noter les références plus ou moins explicites à la société argentine ou mondiale de l’époque. L’Argentine était alors une dictature promouvant un modèle conservateur, notamment sur le rôle de la femme. Susanita, une amie de Mafalda, ne pense qu’à se marier le plus tôt possible pour faire des enfants, pendant que Mafalda a une conscience aigüe du statut insatisfaisant de la femme dans son pays. Manolito, représentation miniature du capitalisme, ne pense qu’à l’argent. Il est d’ailleurs le seul à ne pas aimer les Beatles, alors que le monde est en pleine Beatlesmania.

Ce mix d’intemporalité du propos et de faits datés fait tout le charme des histoires de Mafalda. Certes, Quino a arrêté de dessiner les histoires son héroïne en 1973 pour passer à autre chose (du dessin d’humour et non plus des strips). Mais il nous a offert avec cette fillette d’une étonnante maturité des tranches de vie pleines d’un humour souvent désabusé qui font toujours écho en nous.