Mauvaise réputation - T2 : La véritable histoire d'Emmett Dalton

Emmett Dalton mène un combat pour faire connaître le terreau social qui favorisa le destin funeste de ses frères. Cet album est un beau témoignage sur un homme qui affronta les démons du passé et les attentes commerciales d’Hollywood.

Emmett Dalton est le seul rescapé de la fratrie des célèbres bandits qui ont contribué à la légende de l’Ouest. S'il assume les crimes commis par ses frères et lui, il tient à les contextualiser et à rétablir la vérité, sa vérité, sur les responsabilités de chacun. Que l’on comprenne le chemin, entre pauvreté, injustices et mauvais choix, qui a conduit la bande à tenter la double attaque de banques à Coffeyville (Kansas), laquelle fut un fiasco sanglant.

Antoine Ozanamfait se dérouler l'action du second volet du diptyque des années 10 aux années 30. Il nous présente un Emmett Dalton animé par une farouche volonté d'apporter à son épouse Julia la sécurité financière (de manière honnête !). Mais on voit également un homme en lutte avec le poids du passé. C'est pourquoi ses nuits sont peuplées d'insomnies qu'il utilise pour écrire ses souvenirs de hors-la-loi. En journée, des flashs du passé font apparaître des arrêts sur image issus d’attaques de train ou de banque. Emmett n’est pas un homme serein.

La véritable histoire d'Emmett Dalton © Glénat BD

Le scénariste insiste sur la relation duale qu'Emmett a avec John Tackett, l’homme qui lui assure des revenus grâce aux films sur les Dalton. Mais l’industrie naissante du cinéma est friande d’action, au détriment de la dénonciation des injustices sociales qu’aimerait porter le dernier Dalton.

Emmanuel Bazin offre comme dans le tome 1 sa splendide palette pour servir au mieux l'histoire. Emmett aux traits peu marqués, a presque l'apparence d'un fantôme. Et il vieillit peu, même si on voit ses cheveux blanchir, son visage se creuser. Cette absence de prise réelle du temps sur lui peut être due au fait qu'il vive en partie dans son passé. Et le whisky dont Emmett abuse semble transformer en brume le monde qui l'entoure.

La beauté formelle de l'œuvre est vraiment en phase avec l'orientation donnée par le scénariste. Le livre est un bel objet. Enfin, le message sur la rédemption est intemporel.