Un regard intelligent sur des thématiques universelles et dans l’air du temps. Nous prenons un réel plaisir, malgré les ruptures de rythme et de ton, à accompagner la jeune Maya, sorte de Mafalda du XXIè siècle, dans son cheminement.
Maya est une petite fille, certes, mais elle n’en cogite pas moins. La place de l’Homme dans l’univers, l’existence de Dieu, l’alimentation carnée, l’intelligence des arbres... Autant de sujets de débat avec son oncle Eugène. Ils se prennent mutuellement à contre-pied, mais avec tendresse. Il y a véritablement échange, et l’un n’a pas forcément raison au détriment de l’autre. Bref, tout ce dont nous n’avons plus l’habitude avec les ayatollahs soliloquants sur les réseaux sociaux, Adamnous l’offre dans cet album rafraîchissant. Pour varier les angles, il fait aussi dialoguer Maya avec son camarade Léonardo, par exemple sur les liens entre liberté individuelle et Internet. Nous sommes bien au XXIè siècle. Les scénettes sont plus ou moins longues et nous nous laissons porter avec plaisir.
Le contrepoint de cette liberté dans le rythme et la structure est une forme d’hétérogénéité qui peut parfois désarçonner. Certains sujets sont bien plus approfondis que d’autres, et c’est quand l’auteur prend le temps du ping-pong verbal entre ses personnages qu’il réussit le mieux son affaire. Le lecteur observe aussi des ruptures de ton. A ce titre, la fin est particulièrement surprenante, mais nous n’en dirons évidemment pas plus...

Maya, tome 1
©Glénat, 2022
L’émancipation par rapport à l’univers de Midam sur lequel Adam a longtemps travaillé (Game Over) est manifeste, même si graphiquement la transition se fait en douceur. La référence à Mafalda de Quino est explicite, sur le concept (une fillette mature interroge le monde), mais on pense aussi à Calvin et Hobbes (notamment sur le dessin des adultes). De belles références.
Nous espérons pouvoir bientôt lire la suite, surtout que l’album se conclut sur un cliffhanger assez terrible. Comment Adam va rebondir ? Suspense... Mais nous lui faisons confiance, après cet album au discours très fluide, et non dépourvu d’une portée philosophique à hauteur d’enfant.