Après le western avec L'Étoile du désert, puis sa relecture de Batman, Enrico Marini s'attaque à un nouveau pan de la mythologie américaine en rendant hommage au roman et au film noirs. Prévu en deux tomes, Noir burlesque s'empare de bien des codes du genre.
États-Unis, années 50. Slick et Caprice se sont aimés, mais la Seconde Guerre mondiale les a séparés. Lorsque leurs routes se croisent à nouveau, la jeune femme est liée à Rex, un responsable de la mafia irlandaise, et elle se produit comme effeuilleuse dans l'un de ses clubs. Slick aurait mieux fait de ne pas la retrouver…
Un programme chargé
Comme il se doit dans tout bon roman ou film noir, le théâtre des événements est une ville sombre et sale dans laquelle se côtoient pauvreté et grande richesse et où une boîte de nuit et son spectacle féminin font tourner bien des têtes. Braquage de bijouterie, retour d'un amour délaissé, jalousie, trahison, dettes à honorer et règlements de compte sont au programme.
Marini convoque des archétypes des films et romans noirs
© Dargaud, éditions 2021
Côté personnages, Marini convoque des archétypes du genre : bandit solitaire, ténébreux et cynique ; femme fatale irrésistible, manipulatrice, vénéneuse et manifestement blessée ; mafieux qui mène son monde à la baguette ; hommes de main impulsifs, violents et peu finauds ; policier pugnace et sensible…
L'auteur soigne les ambiances, volontiers pesantes, mises en valeur par le découpage - qui privilégie un nombre réduit de cases par page -, le noir et blanc et la dimension aqueuse du lavis. Une teinte rousse plus ou moins rouge enrichit quelques chevelures et accessoires (cache-tétons, plumes…).
Ce premier tome pose des bases solides et intéressantes, mais nous attendons de voir où Marini va finalement nous conduire et notamment si son utilisation plutôt respectueuse des codes mènera à une variation davantage pimentée.