Ayant survécu à l’enfer des tranchées, Julien se lie d’amitié avec Max, un Alsacien incorporé dans l’armée ennemie. Après quelques péripéties imprévues (il est indispensable d’avoir lu les deux tomes précédents), ils se retrouvent dans un Mexique en pleine effervescence. Mais loin de se cantonner à la seule Révolution mexicaine, Kris embarque ses personnages sur l’autre rive du Rio Grande où d’autres luttes les attendent.
Il faudra cependant attendre le quatrième et dernier mouvement de cette série pour savoir qui orchestre cette continuelle manipulation car, à peine débarqués du train à la gare de Chicago, le quatuor des héros est accueilli par les flics et des agents du FBI, mais aussi par les anciens amis anarchistes de Max, venus leur prêter main-forte... L’occasion de fournir en ouverture une scène d’action sur plusieurs pages, qui rappelle ouvertement la scène de fusillade (devenue anthologique !) du film de Brian De Palma, Les Incorruptibles. Maël assure cette séquence, tout comme celle de la fuite en bateau en pleine tempête au large des côtes américaines, avec une efficacité jubilatoire dans le découpage et la mise en page.
Il n’empêche que ces « morceaux de bravoure » n’évitent pas au lecteur de s’interroger sur quelques grosses ficelles de scénario tel le repêchage des naufragés par le capitaine du Libertad, Silius Jensen, qui croisait juste au large à ce moment-là ! Tout comme les quelques exclamations en anglais lors des échanges de tirs ne suffisent pas à masquer les conventions de langage puisqu’en Europe, au Mexique comme aux Etats-Unis, personne ne se heurte à la barrière de la langue : tout le monde s’exprime en français.
En dépit de ces petites réserves, l’histoire de Kris reste palpitante, magnifiquement soutenue par le dessin lumineux de Maël. L’occasion pour ceux qui ne connaissent pas cette série de profiter de la promotion qui réunit en pack les deux premiers tomes pour la modique somme de 20 €.