Brugeas, Herzet et Dellac réinventent l’histoire de Robin des Bois à partir d’une idée : et si Robin des Bois et le shérif de Nottingham n’étaient qu’une seule et même personne?
L’hypothèse n’est pas si saugrenue puisqu’en anglais, Robin des Bois s’appelle Robin Hood. Hood désigne certes sa capuche caractéristique, mais c’est aussi un mot qui signifie « truand ». À l’inverse, l’étymologie de Robin renvoie au sens de « juge, homme de loi ». La main qui donne et celle qui prend seraient donc réunies en un même personnage? Tout à fait plausible en ce XIIe siècle où se disputent deux loyautés irréconciliables : celle due au souverain en place (le prince Jean) et celle qui s’attache au monarque légitime (le roi Richard, éloigné pour cause de croisade). Mais surtout, il était nécessaire de trouver une idée vraiment originale pour susciter l’intérêt du public autour d’une saga si souvent adaptée en bande dessinée et au cinéma.
Vincent Brugeas et Emmanuel Herzet forment un binôme de scénaristes aguerri, après leur trilogie La Cagoule, un fascisme à la française. Au dessin, c’est Benoît Dellac qui a été choisi : le western Sonora et le récit viking Serpent Dieu ont prouvé son efficacité dans la mise en scène et dans l’installation d’une tension dramatique. Toutefois, ce dessinateur réaliste et talentueux n’a pas encore connu de succès de tout premier plan. Cette « revisitation » du mythe de Robin des Bois pourrait bien lui permettre de passer au niveau suivant : avec Nottingham, Dellac monte en gamme…
Article publié dans le Mag n°79 - Janvier - Février 2021