Suite et fin de ce diptyque revisitant la légende de la fondation de Rome.
Omula, une jeune extraterrestre, arrivée sur Terre accompagnée de son substitut, Rema, un clone destiné à fournir des organes en cas de besoin médical lors des voyages interstellaires. Seules survivantes de leur vaisseau, elles atterrissent en Italie en 749 avant J.-C. À cette époque, le roi Procas vient de mourir. Dans son testament, il stipule que ses fils, Numitor et Amulius, se partagent l’héritage pour éviter une guerre civile : l’un doit régner, tandis que l’autre reçoit une compensation financière. Le trône est attribué à Numitor, mais Amulius trahit ces volontés, usurpe le pouvoir, et emprisonne son frère. Il contraint également Rhéa Silvia, la fille de Numitor, à devenir Vestale, l’empêchant ainsi d’avoir des enfants sous peine de mort.
Cependant, Rhéa Silvia tombe enceinte et affirme que le dieu Mars est le père de ses enfants. Croyant mais prudent, Amulius décide de ne pas la tuer : il l’envoie chez les Amazones. Elle y donne naissance à des triplés, mais son sort reste tragique : elle est enterrée vivante avec l’un de ses enfants, tandis qu’une amie tente de fuir avec les deux autres. Avant de mourir, Rhéa Silvia glisse dans une couverture un message attestant la lignée royale de ses enfants. Hélas, la fuyarde est rattrapée et exécutée, et les deux bébés périssent également.
C’est dans ce contexte qu’Omula et Rema, débarquant sur Terre, récupèrent par hasard cette couverture. Elles trouvent refuge chez Lupavia, une prostituée qui, découvrant la lettre, pense qu’elles sont de sang royal et décide de les élever. Ce second tome explore alors la quête de pouvoir des deux jeunes filles.
Yves Sente revisite avec audace le mythe de Romulus et Rémus, y ajoutant une dimension de science-fiction. Il remplace les figures légendaires par Omula et Rema, attribuant la grandeur de l’Empire romain à une intervention extraterrestre. Le scénario, très dense, s’étale sur plus de 180 pages entre les deux tomes, offrant une narration rythmée et sans temps mort. Toutefois, un troisième album aurait permis de mieux développer certains aspects, notamment la civilisation d’origine d’Omula.
Extrait de Omula et Rema T.2 : La naissance d'un empire © Yves Sente et Jorge Miguel aux éditions Rue de Sèvres
Jorge Miguel, déjà reconnu pour ses travaux de science-fiction (Sapiens Imperium, Les Décastés d’Orion), signe ici un dessin réaliste et dynamique. Qu’il s’agisse de l’Antiquité ou de l’espace, son trait précis et la mise en couleur de Delf assurent une parfaite lisibilité, même dans une intrigue peuplée de nombreux personnages vieillissant au fil du récit. Jorge Miguel parvient à marquer physiquement chaque protagoniste, rendant leur identification facile pour le lecteur.
Ainsi, cette œuvre mêlant mythologie et science-fiction se conclut avec une grande maîtrise graphique et un scénario original, bien que parfois un peu trop ambitieux pour son format.