Qui dit Jean Graton, dit pour les puristes Michel Vaillant. Mais c’est en dessinant Les Belles Histoires de l’Oncle Paul dans Spirou que Graton, venu de la publicité, a pourtant commencé sa carrière. Un recueil rassemble chez Dupuis la totalité de ces édifiantes et authentiques histoires.
Au début des années cinquante, les éditions Dupuis décident de lancer un rendez-vous hebdomadaire un soupçon moralisateur dans Spirou. Une histoire courte racontée par un nouveau personnage, l’Oncle Paul à ses jeunes neveux, permettra de mettre en valeur un évènement historique ou un personnage célèbre irréprochable au destin hors normes. Graton, dès 1951, fait partie des auteurs comme Hubinon et Charlier qui « planchent » sur l’Oncle Paul, le narrateur de ces petits moments d’héroïsme divers.
Pipe au bec, cheveux grisonnants, toujours tiré à quatre épingles, regard ferme mais bienveillant, Oncle Paul dévoile à Arthur et Fred, ses neveux, comment Franklin a découvert le paratonnerre ou John Ford est devenu un réalisateur de cinéma. La vie héroïque de l’aviateur Guynemer n’aura plus de secrets pour les jeunes lecteurs. En quatre planches, il faut que courage, morale, dévouement s’affichent et permettent à l’Oncle Paul, dans la dernière case, de tirer une leçon de l’histoire.
Les titres sont à la hauteur des objectifs de la rubrique de l’Oncle Paul : Parole d’honneur, L’exploit du Vindictive, Echec au feu du ciel. De l’Antiquité à l’ère moderne, Graton va exploiter petits et grands moments de l’Histoire. Son dessin est d’un réalisme total, perfectionniste, car il faut ne pas tomber dans un anachronisme qui ferait mauvais effet. L’Oncle Paul se doit d’être sans faille.
Et pourtant Graton a commis par exemple une petite erreur : dans un dessin daté de 1783, bien avant la Révolution, ses soldats portent une cocarde bleu, blanc, rouge au bicorne. Impossible. Comme quoi l’Oncle Paul, ce grand sage, pouvait aussi avoir ses petites faiblesses.