Face à une presse qui fait des gorges chaudes d’une autre association de marraines de guerre, la baronne de Pomfrougnac a un plan infaillible. Pour cela, Mme Zaza, voyante extra-lucide renommée, va sélectionner le nom d’un soldat. Une fois déterminé par le destin, celui-ci devra être retrouvé et fêté dignement en qualité de grand gagnant du concours des marraines de guerre.
Mme Zaza et la jeune Louise vont donc entreprendre le déplacement pour rejoindre le secteur d’opérations. Contraint par la baronne (et accessoirement belle-sœur), le général affecte à l’équipage féminin deux hommes afin de les conduire vers la ligne de front. Si le sous-lieutenant Philibert Trouffon est un gratte-papier freluquet affecté au ministère des armées, l’autre, le soldat Schrapnel, est un colosse visiblement indestructible.
L’aventure débute sur un quai de gare parisienne. Elle se poursuit jusqu’à l’arrêt prématuré en rase campagne. La ligne de front ayant bougé, les cheminots ont pour mission de protéger le convoi sans avancer plus.
À travers des paysages méconnaissables, en corbillard d’abord, puis rapidement à pied, l’équipée improbable de nos quatre « touristes » est ponctuée d’initiatives bellicistes de Schrapnel, de surprises locales et des étincelles que le tempérament de chacun suscite. Ainsi les épisodes tragi-comiques sont le prétexte à l’évocation de la condition féminine, entre abnégation et désir de libération, et à la réflexion politique, tendance marxiste.
Le parti pris graphique caricatural de Marion Mousse s'accorde avec l'histoire
© Steinkis, éditions 2021
Le parti pris graphique caricatural s’accorde parfaitement avec un souci porté sur la mise en scène et les décors. Avec brio, le binôme des auteurs parvient à réaliser une comédie sans ignorer les aspects les plus sordides du conflit.
Entre humour, critique sociale et évocation historique, Va-t'en guerre ! trace un sillon artistique résonnant avec le cinéma italien d’une certaine époque. Un bijou !
Voir l’entretien avec les auteurs dans le récent numéro de ZOO le Mag (n° 83, page 36)